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Les Mains prises


Les Mains prises

Mercure hermaphrodite en sa main vénusienne
Porte un calice où, dessous son aile étoilée,
Se tordent des dragons, tel un triple serpent.
Au plumage d’or, la moitié du roi souffrant
Tient un ouroboros en spirale égyptienne.
Mise en abyme enluminée d’un caducée,
L’hybride empourpré reflète le firmament.
A ses pieds, confondu dans la nature, tient
Le basilic vert, lui offrant, le parchemin.
Alors comment saisir le souris de comptine.
Retombent les fruits mûrs en semence divine.

                                    Joël Gissy

lundi 29 décembre 2025

Dans la tête


Dans la tête

Je vous briserai l’humérus et les fémurs
D’un geste indifférent de télékinésie,
Dans un accès immodéré de priapisme.
Par le calme hurlement de ma goétie,
Raisonnable, se débattra contre les murs
Le long discours de la civilisation.
De la plus pure authenticité, le charisme
Remettra les raisons en place par l’action.
Ou, tel un mandrill écartelé sur le sol,
Te démantibuleras-tu, pauvre guignol ?

                                   Joël Gissy

L’Atavisme réveillé


L’Atavisme réveillé

1.

Le loup

Dans la taïga brumeuse, rode un loup sinistre,
Semblant boitiller dans son pelage de bistre.
Elancé, le canis dirus cherche une proie.
Au loin, la meute affamée hurle, grogne, aboie,
De ses mâchoires écumant aux pluies de fonte.
Le mammouth laineux s’affaisse, est-ce un mastodonte ?
Errant par les marais glacés de Sibérie,
A pas échassés, croît sa généalogie.
Un œil glauque observe encor le gardeur de rennes,
Terreur ancestrale aux instincts d’ombres malsaines.


2.

L’homme

Mais à présent, imaginons
Un humain dans ces conditions.
Quelle magnifique innocence
Que cette bête libérée !
Ce que serait la conscience
A la source vive abreuvée.


                                     Joël Gissy

dimanche 28 décembre 2025

Métempsycose animale


Métempsycose animale

D’Inde, la mangouste parlante,
Gef, paraissait intelligente.
Et, pour se moquer du fermier,
Erudit mais désargenté,
Le comparant aux personnages
De Dickens en nombreux langages.
Fantôme incarné en rongeur,
Ne tuant jamais les souris,
-Il avait le meurtre en horreur.-
Chassait les lapins étourdis,
Agrippant ses petites pattes.
Un peu comme Sredni Vashtar,
Friand d’offrandes écarlates,
Egorgeant la cousine affreuse,
Créature majestueuse.
Flotte comme un air de sitar.

                          Joël Gissy

La Règle d’airain


La Règle d’airain

Les illustres explorateurs de l’inconscient
Sont pareils, dans leur connaissance, au duc de Zhou.
S’éveille au rêve en biais, lucidité d’un fou,
L’humain, comme exilé d’un monde plus vivant.
L’autre explore un ruisseau, des forêts féeriques
Aux lumineuses fleurs et des maisons bizarres,
Des arabesques d’or et d’immense portiques,
Et le familier se superpose à l’étrange.
Mais un gardien menaçant, soudain, le dérange,
Tel un Maître des Portes, en des instants rares,
Au détour dallé du labyrinthe anguleux
Où, sur sa face en origami cartonneux
De valet de carte, un déluge éternel pleut
Ainsi l’orage latent d’une Maison Dieu.
Dimensions à étages horizontales,
L’âme voyage aux limites subliminales
Comme en un jeu de go cubique et gigantesque
Que traverse son imagination dantesque.
Le vagabond s’émeut, coulissant, qui s’imbrique,
Par les couloirs d’un casse-tête stratégique.

                                  Joël Gissy

samedi 27 décembre 2025

A l’orient




A l'orient

Chaque humain possède un petit soleil en lui.
Le cœur emprisonné dans la cage ossifiée,
Naissance, exaltée de l'âme purifiée,
Périple infini des Portes vers l'Amenti,
Par un choix difficile, advient, régénérée.
Dans la statue divine ainsi que l'ouchebti,
Le voyage revient à soi s'il est fini.

                                  Joël Gissy


Aistêtikos


Aistêtikos

Même l’athamé n’est plus un espoir,
Sacrifice aux esprits d’abdication.
Car l’âme égarée erre dans le noir.
A quoi bon vouloir tuer la passion,
Déchirant le voile de l’illusion ?
L’ironie se moque en vain de savoir.
L’échappatoire écrase la cloison,
Se heurtant face à soi-même en miroir.
Reste l’essor de la contemplation
Dans le néant d’un parfait abandon.

                        Joël Gissy

Le Suceur de chair


Le Suceur de chair

Aux taches du soleil mêlé, tel un frisson,
Ecailleux mimétisme tapi, se confond,
Dormant en secret dans l’ombre, un pelacara.
Invisible en perspective superposée,
Stridule à sec la créature camouflée.
A la lisière où commence la selva,
Attend, brillant de l’intérieur, le pishtaco.
Le rôdeur glissant de la nuit cherche une peau.
Patiente, inerte, à peine à l’écart du village,
Croquemitaine andin, l’arracheur de visage.

                                     Joël Gissy

Les Primordiaux


Les Primordiaux

Vexos vainquit Ubharat sans combat,
Par lassitude et découragement.
L’ennui terrassa tout changement.
La procrastination qui retomba
Toujours dans le cœur des humains, avant
Même leur existence, mit à plat
Le souffle embrumé des esprits du feu,
Pourtant éternellement pur et bleu.
Les sept Anciens ont dominé la Terre
D’Hyperborée en Mésopotamie,
De Mu jusqu’à l’antarctique frontière.
Les goules de Lilith, par boulimie,
Au contraire, ont attisé le désir
Sous l’asthme, ardemment, du Grand Pazuzu,
Criquets à visage en mirage flou,
Traîtres hyksôs incarnés jusqu’à Tyr.

                           Joël Gissy

mercredi 24 décembre 2025

La Réponse acceptée


La Réponse acceptée

Le Cosmos influence inexorablement,
Comme un inextricable et fidèle moulage,
Ses formes en manifestations du vivant.
Toile hermétique au marionnettiste invisible,
Pointilleux et précis d’un nornique présage,
Simplifié, mimétique, en zodiaque sensible,
Allégorie baroque, s’accomplit le mythe
Jusqu’au moindre détail. Mais, en écho, le rite
Manifeste en gestes exacts son opéra.
Les cristaux scintillants de la nuit chthonienne
Imitent une voûté étoilée souterraine.
Car ce que tu désires te désirera.

                          Joël Gissy

Le Soleil furtif


Le Soleil furtif

De la naissance ailleurs ouvrant les voies secrètes,
Le canin bipède s’avance en éclaireur.
L’harmonie consacra longtemps de Sed les fêtes,
Entre terre et ciel miroitant équateur.
Oupouaout a chassé, clair sosie d’Anubis,
L’Agresseur et les poissons de Lycopolis.
Avec un pagne court, passe entre les piliers
Le souverain traversant les métamorphoses.
Sur le front de la Mère aux cornes en quartiers,
S’aligne le firmament constellé de roses.

                                    Joël Gissy

Le Vœu d’Ishtar


Le Vœu d’Ishtar

Le lion vert dévore le soleil caché.
Tel un bouc de sinople, danse avec la lune
Vénus Epitragia dans sa conjonction.
Se reproduit, occulté, l’autre orbe éclipsé
Comme un alignement cranté traçant sa rune,
Etoile bien plus grande au cycle où, réaction,
Se confondent, réunies, douceur et beauté.
Quand vient Séléné noire, obscurcissant chacune,
Se réalise enfin le retour du dragon.

                          Joël Gissy

mardi 23 décembre 2025

Le Pas de l'Ankh


Le Pas de l’Ankh

Liant le papyrus, ankh pour la longue marche,
Ouroboros entourant l’Océan de l’Arche,
Ainsi que sur une île aux joyeux anthophages,
Isis offre le doux lotus du réconfort
Dont flotte l’amnésie comme un nuage bleu.
S’ouvrent au possédé d’Osiris, paysages
Où profitent des immortels à la chair d’or,
Les splendeurs au-delà d’un périlleux dédale.
De la vie perpétuée, serpente le nœud
Pas à pas découvrant une nouvelle salle
Sous la boucle se refermant de sa sandale.

                             Joël Gissy

Caractère


Caractère

Humanoïde à tête de thon menaçant,
Se retourne à demi l’adipeux, l’air narquois.
Cauchemar d’Innsmouth, avec un rictus grinçant,
L’hypocrite esquisse un sourire de guingois.
Car le sauvage n’est pas toujours sans malice,
Qui geint avec un clin d’œil faussement complice.

                                     Joël Gissy

lundi 22 décembre 2025

La Gestation de l'Athanor


La Gestation de l’Athanor

Une naissance est comme un taureau d’Agrigente
Dont siffle un meuglement vaporeux d’épouvante.
Ce saint Laurent plaqué ne peut de retourner,
Semblant, les mains contre la vitre, un prisonnier
Ainsi qu’en un catafalque d’aliénation
Ou la psyché, dans son bocal, d’un papillon.
Mais le fantôme, d’un hurlement inaudible,
Lance un appel pathétique au monde insensible.

                                       Joël Gissy

Rotation mégalithique


Rotation mégalithique

La spire d’or des temps structure en chaque aspect
La cristallisation des réalités.
L’écho céleste de Teutatès, en reflet,
S’incurve au mont de Belch, solstices opposés.
Mise en abyme d’un firmament hermétique,
Se reproduit en soi le cycle druidique.
Intersection, les lunes du lièvre et du loup
Forment une croix encerclée par cette roue
Dont un petit sphinx couronné bat de la houe,
Girant, globe en géode à la source d’un trou.

                                     Joël Gissy

Zoologie


Zoologie

Au lieu de jouer de la harpe,
Les contemporains abrutis
De leurs moteurs enflent les bruits.
Plus gracieuse, se tait la carpe.
Comme le paon tout irisé,
Ange des couleurs yézidiques,
Pourquoi ne pas, électrisé,
Briller de spectacles magiques
Plutôt qu’éblouir la nature
Avec l’orgueil d’un coq hurlant
Sur un monceau de pourriture.
Coprophage, se mord l’enfant
De l’involution moderne
Dont l’orgueil pavoise, innocente,
Cynique à la langue pendante,
Tel un linceul qui tombe en berne.

                     Joël Gissy

dimanche 21 décembre 2025

Wiahnachta


Wiahnachta

                        (Noël en alsacien)

Dans la blanche froidure
Aux monstres à fourrure,
Douze nuits enfumées
Par les herbes sacrées,
Se reproduit la ronde
Constellée sur le Monde,
Année en miniature.
Aux lueurs vacillantes,
Montent les voix chantantes
Des rituels anciens
Dans les sombres sapins.
Cyclique, se devine
Le temps qui se dessine,
Image du Cosmos,
Reflet de Bélénos.

                      Joël Gissy

samedi 20 décembre 2025

Révulsion introspective


Révulsion introspective

Kukulkan des antiques cités de Sobek,
L’onirique oiseau-serpent fouille de son bec
Le ventre ouvert, déesse savante et fertile.
Mais, cauchemar maternel d’un ptérodactyle,
Le Trône porte pourtant son enfant rapace
S’envolant vers le soleil frontal qui s’efface.
Sacrifice ovipare, éclot un œil ternaire
Dont la conscience infinie se mire en la sphère.

                                       Joël Gissy

Umbrarum Tumulus


Umbrarum Tumulus

La porte de fer enfin refermer
Du caveau d’enfer sépulcral à clef.
La fleur ténébreuse admet les épines
Dont s’entrelacent au cœur les racines,
Ainsi qu'une caresse vampirique
Déchirant un sarcophage organique.
A jamais, se tait le vacarme humain,
Où s’ouvre un labyrinthe souterrain,
Pour la nuit d’un murmure souverain.

                               Joël Gissy

Les Messagers innocents


Les Messagers innocents

Des décombres du séisme ayant révélé
D’une université le sous-sol effondré,
Dans l’air poussiéreux, remonte un petit garçon.
A voix d’homme parlant d’une antique façon,
Au creux de ses mains, tout désolé, l’enfant tient
Comme un trésor les débris d’un vieux parchemin.
« Je me souviens, hélas, du terrible incendie
De notre bibliothèque d’Alexandrie.
Le disciple de Pythagore était si triste !
Je suis son messager. » Car d’Hermès Trismégiste
Remonte le chthonien mystère au firmament
Ainsi que l’énergie d’un secret talisman.

                                        Joël Gissy

vendredi 19 décembre 2025

Nouvelle vidéo de Rola. Poème Phytonologie.

Nouvelle improvisation picturale de Rola sur mon poème Phytonologie :



lundi 15 décembre 2025

Deux haïkus


La nuit tait son âme
l’horizon pourtant meurtrière
le double n’y croit




Toujours fait semblant
si jamais dit vrai le vent
chrysalide creuse


                             Joël Gissy

Les Epices de la Physique


Les Epices de la Physique

Origine de la matière
En l’inconscient des profondeurs,
Se ramifie dans le possible
La diffraction de la lumière.
Presque où, huileux malgré les heurts,
L’Océan primordial, paisible,
Songe en sphère qui se complique,
La décantation s’alourdit,
Château pétrifié rendormi
Où file une étoffe onirique.

                                 Joël Gissy

Conscience fugitive


Conscience fugitive

Le rêveur, vers un ciel inversé,
Éveillé, plonge dans le bleu stygien.
De l’aède aveugle, l’azur d’airain
Se teinte, à sa perception transmuté.
En dehors de notre réalité,
Coulisse par delà le spectre humain
Un témoin entre les plans effacé.

                                          Joël Gissy

Heureusement


Heureusement

Primitif débile ou dégénéré,
Notre époque hésite entre les extrêmes.
Vive le progrès ! La modernité
Dissèque ou dévore, au choix, sans pitié.
Haine de soi, se détestent les mêmes.
Le bouffon terni s'est désenchanté.

                      Joël Gissy

dimanche 14 décembre 2025

La Clef de l’Autre


La Clef de l’Autre

De la sincérité fidèle attente,
La pierre, sous les mains, reste muette.
Amnésique, l’oubli du hiérophante,
Solennel, tait la formule savante,
Contemplant, ciel d’une chambre secrète,
L’arc des Bergers d’Arcadie par la fente.
Mais alentour de sa femme volette,
Qui sait voir sans savoir, indifférente,
Comme une flamme étincelant, violette.
L’initié par soi s’avance, sceptique,
Vers l’irréel et lumineux portique.

                      Joël Gissy

Bonne volonté


Bonne volonté

Le patient espoir, ancre vers le fond tirant,
Pareil au martyre englouti de saint Clément,
Tourbillonne, illusion d’un mirage blanc
Engourdi par les ténèbres en écumant.
Et cet Amour ailé sombre, se débattant,
Se croyant guidé par un diable débutant.
La chaîne oscille vers l’abîme, cependant
Que l’équipage innocent sourit bêtement.

                                  Joël Gissy

samedi 13 décembre 2025

Alchimie néolithique


Alchimie néolithique

Elu sacrifié, le druide volontaire
Voyage a travers le rêve de la tourbière,
Vers les profondeurs où se fixe la lumière.
Décante, orangé, l’éblouissement derrière
L’écran révélateur battant de la paupière,

Stroboscope abaissant la pulsation de vie.
Par strates, se précise en la photographie
Du plongeon continuant l’âme approfondie,
Gravure au livre amuï de son allégorie,
Telle en cercles d’eau de la palingénésie.

                               Joël Gissy


vendredi 12 décembre 2025

Indiscrétion


Indiscrétion

Quand on regarde, il faut s’attendre à voir des choses.
Confiance angoissée, laisse les portes closes.
Mais, dans un grincement, si s’ouvre le placard,
Le profanateur souffre à rebours d’un regard,
Contemplation d’un spectacle catastrophique,
Par ses révélations plus décevant et cru
Qu’un vieux pervers entrouvrant son manteau, nu.
Mais, obséquieuse, une présence énigmatique
Referme le cercueil, couloir labyrinthique.

                               Joël Gissy




Le Papion cynocéphale


Le Papion cynocéphale

Le babouin coiffé de son némès organique
Semble un scribe au flegme sage et contemplatif.
Sous une charmille en moudhif prédynastique,
Médite, archétypal ainsi qu’un hologramme,
L’avatar calme au regard faussement plaintif.
Mais son croc pourfend, acéré comme une lame
Ou l’ivoire éclatant d’un précieux calame.
Couvert de ses bijoux, le singe semble un masque
Funéraire irisé par le sable en bourrasque.

                                     Joël Gissy

Le Filigrane des Temps


Le Filigrane des Temps

L’entrelac des racines craque,
Vaporeuse forêt rauraque.
Mon pas brumeux qui se souvient
De Dan à Seanon, chemin
Des ménestrels et d’Arioviste,
Remonte l’ancienne piste.
Loin, s'en va la route romaine,
De Vogesus par le domaine.

                 Joël Gissy

Le Pain du Serpent


Le Pain du Serpent


Sous la miche où se love une vipère ophite,
Striée d’une démultiplication cruciale,
A la croisée des chemins, une cathédrale
Végétale ouvre son ogive troglodyte.

Vestige écorporé d’un ancien sacrifice,
Le volatile au noir plumage sur la branche
D’un double arbre mort surveille un brumeux dimanche
Comme un vieil Amish au regard sans malice.

Au pied du chêne enchaînés, l’homme et sa femelle
Levant leurs fronts aux cornes naissantes compriment
Le troisième œil atrophié, lobe occipital,

Dans le brouillard obscur de sa sombre prunelle.
Là-bas, d’arums aux lourdes vapeurs qui s’animent
Circulent les longs soupirs d’un courant glacial.

                                         Joël Gissy







L’Orgie mythique


L’Orgie mythique

Banquet de Tantale, immolant son propre sang,
Immonde ripaille aux convives surhumains,
On dévora la chair sacrifiée de l’enfant
Lors du plus tentateur et divin et festins.
Le papillon flamboie au sein du coryphée.
Le cheveu dont pendait l’épée radiesthésique
Au-dessus de la fontanelle couronnée
De Damoclès, afin d’accroître la panique
De son plaisir, nivelle un plan philosophique,
Vampirise son corps l’espérance fatale,
Seul invité mortel de cette bacchanale.

                               Joël Gissy

mercredi 10 décembre 2025

Nostalgie originelle



Nostalgie originelle

À contre-cœur, de retour à son âge,
Comme un revenant dans un sarcophage,
L'âme se couche en craquant dans son corps.
Prisonnier, tel un papillon, des sorts
Englué dans la toile de la matière,
Se débat l'acharné vers la lumière.

Joël Gissy

Les Sylphes aquatiques


Les Sylphes aquatiques

Le petit garçon bleu diaphane
Chevauchant une carpe rouge
Traverse un nuage où, membrane,
S’ouvre le ciel. Mais Shu ne bouge.
Des hauteurs, la mer de vapeur
Semble s’animer de fureur.
Et l’enfant se fond dans les eaux
Sous le mont Tiantai en réseaux.

                            Joël Gissy

mardi 9 décembre 2025

La Forêt nocturne

 



La Forêt nocturne

Fleurs musicales aux mille odeurs colorées,
Tintent les clochettes en la sylve onirique,
De neigeux pollens étincelant saupoudrées.
Charmille d’un arbuste, au creux d’un feu-follet,
Joue un jeu magique un petit être violet.
Le rêveur avance en un ruisseau féerique
Sur la tendre clairière de mousse et d’épines
Comme une chambre intime embaumée de résines.

                                                   Joël Gissy



samedi 6 décembre 2025

Rosa nigra




Rosa nigra

Amour tragique où Vénus chevauche, caprin,
Le visage ombrageux du bouc sacrificiel.
Parfum du sombre opium décharné d’un miel
Prédateur et irrésistiblement malsain.
Naturalisant, obscure géométrie,
Où palpite le cœur ardent de l’anarchie.
Offrande à la fille éperdue claquant la porte,
Pour se perdre dans une étreinte déjà morte.

                                   Joël Gissy

La Becquée


La Becquée

Surpris dans son rapt, un dragon
A fossilisé sa chimère,
Pétrifié par le lac Natron.
Formidable monstre gothique,
La gargouille enlisée panique
En dynamique statuaire.
Ondulent les algues bleutées,
Tentations évaporées
Pour les fantastiques festins,
Comme figés, des flamants nains.

                       Joël Gissy

vendredi 5 décembre 2025

Mûrir


Mûrir

Le refus bienveillant de la tranquillité
Pour son inverse, insidieusement, a troqué :
Le massacre avec la plus grande cruauté.
Berserker furieux tournoyant enchaîné,
En dents de morse de ce factice échiquier
Renverser le décor, spectacle d’un brasier.

                                    Joël Gissy

Précaution affectueuse


Précaution affectueuse

Devenant un guerrier sateré-mawé,
L’enfant plonge sa main dans les gants aux fourmis,
Vierge de fer se refermant, dards de fusils.
Puis, à chaque fois, encor, l’acide a giclé,
Pire qu’une morsure à ses muscles transis.
Le jeune homme du mal ancien est protégé.
Car l’Arracheur de visage erre par les plis,
Dans les murmures verts, de la réalité.

                               Joël Gissy

Expression espagnole


Expression espagnole

Comme un poulpe dans un garage,
Contre soi, retourne sa rage.
C’est que le bougon taciturne
Tourne en rond dans le labyrinthe
Des miroirs plaqués de Saturne.
La lumière s’est éteinte.

                         Joël Gissy

jeudi 4 décembre 2025

Le Combat fraternel

 

Le Combat fraternel

Vairefils, chevalier, fracassait en miroir,
Zébré comme un humain blason argent et noir,
Son frère inégalable sauf par lui-même.
Le loup rageur écume en grognements sa crème.
Se résout, neuf, de la Création le blasphème.

                                              Joël Gissy

Le Chant de la Bitis caudalis


Le Chant de la Bitis caudalis

Oh non, deux ! Bah, elle invite, augure ès en sang.
Bélier alchimique, or, sa tutelle, s’en va.
S’agonisant en biaisement, s’imagina,
Ma barbe, as de pique, ourson en un un val fort blanc
Le zombie glabre exsangue et recouvert de mouches,
Muant, tel un serpent en asthme aux dés par couches.
Abhorre, imitateur de messager dictant
Horus en faucon solaire et flamboyant.

                                  Joël Gissy

Blutbuch


Blutbuch

Cris étouffés des enfants sorciers de Molsheim,
Par le Livre du Sang, périt Apollonia
Pour des commerces charnels avec le Démon,
Et luxure sans nourriture ni boisson,
Se transformant en louve garache, Haborym,
Et même dans les flammes jamais ne nia.
Au nombre de la mort, vixi le plus affreux.
Valentine l’aveugle, mendiante d’Uri,
Fit disparaître son trésor mystérieux.
Quand on l’accusa du noir prodige, elle rit.
La pauvre ne possédait qu’un tout petit lit.

                                                                                         Joël Gissy

lundi 1 décembre 2025

Récit d’un voyageur


Récit d’un voyageur

Sur l’à-pic où soudain je m’étais égaré,
Par les musiciens d’un air mystérieux
Parce qu’ils savaient, de ma démence curieux,
Me voilà vers l’ailleurs enfin réorienté.
Ils portaient un vieux cymbalum, et parmi eux
Me fixa l’ironie d’une étrange beauté.
En barque cheminant au fond d’un terrain vague,
S’encastre sous une dalle un ancien bassin.
Le guide sur le pas nous salue d’une blague.
Et les êtres gris au regard arachnéen
Dans la pénombre en rampant tels des singes morts,
Dont il ne fallait pas trop croire en l’existence,
S’empressaient sur les eaux, sur les ponts, sur les bords.
Alors, en un concert de grincements rouillés
Quand se leva l’écluse d’une trappe immense,
Vers le monde des dieux fûmes-nous emportés ?

                                         Joël Gissy