Haïkus
Haïku sur l'hiver
氷がきらめく
水晶の枝
ミッドナイトブルー
La glace scintille
les branches sont de cristal
bleu nuit
Année oubliée
l’esprit les yeux dans les mains
suçote les os
La femme improbable
ichigo itchie unique
et un petit thé
Mignon cerisier
le samouraï est blessé
un été trop chaud
Comme une Okiku
l'ancien yōkai Kasané
s'est tordu le cou
L’été Musashi
calligraphe des deux sabres
pouvait rendre glabre
Miyamoto Musashi par Kuniyoshi Utagawa
Fantaisie japonaise
Sur le dos massif d’une tortue torturée
Par les enfants, vers le palais d’Otohimé,
Déesse aux cheveux comme une algue entrelacée,
S’en va le garçon, des mers en l’onde enlisée.
D’un paysage bleuté sombrant, nuancé,
Par des cavernes sous-marines remonté,
L’animal reconnaît sa générosité.
Quand, soudain d’êtres inconnus environné,
Le sage ancien s’oubliant s’est réincarné.
Pour lancer la malédiction
Rampant sur ses longs ongles accrochés,
Semblant de grinçants poignards écorchés,
Se traîne en robe une triste écolière.
C’est Kashima Reiko qui me l’a dit.
Le yokai retourne un regard maudit.
La mue se crispe, odieuse manière,
Comme un exosquelette mammifère.
A d’horribles souvenirs arrachés,
Repte une inconnue, fuyant la lumière.
Hajikkaki
Le kaki pourri
Se change en petit
Bonze rabougri.
Visqueux yokai,
Chante Hajikkaki,
De honte nourri.
Et, d’un faible cri,
Sourit en repli.
Pandémonium phosphorescent
Yōkai, monstres très laids
Des anciens Japonais.
Maître Tengu, le rouge gardien des Monts,
Soumet le Garçon de la rivière aux démons.
Veille Akanamé, fond des canalisations.
Tako to ama
Le poulpe enlaçant le sein de l’ama,
Femme de la mer, aspire la noix
De sa conque, écho de Kamishima,
En longs claquements qui semblent, sans voix,
Un gloussement muet mais éloquent.
Des crispations, langueur érotique,
Un tentacule insinue en glissant
Son rêve hésitant. Les muscles se bloquent,
Contractés des chouins d’un spasme élastique
Entre les clapotements qui se choquent.
Joël Gissy
Tako to ama (L'Ama et le Poulpe), dit "Le Rêve de la femme du pêcheur",
Estampe de Katsushika Hokusai, 1814
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