jeudi 20 juin 2024

La Panique de Cernunnos



La Panique de Cernunnos

Perpétuelle expansion du nœud fermé,
Complexe aux bois de Cernunnos entrelacé
En verte frange après les branchages moussus,
Le dragon se confond dans les chênes barbus.
Quand il vient à pas échassés sur ses sabots,
Au détour de la clairière, des marigots
D’un sentier de cerfs ; ou triomphant est juché
Assis en fleur pour la maîtresse du rucher
Son thyrse en caducée à ce serpent offert
Ainsi qu’un trône où Mélusine ouvre sa chair,
Naturel sauvage et sagesse en doux bourdon
Grand Tout bestial accouplé à sa conception !
Vaisseaux de la sylve aux brumes aérienne
Qui court de l’humus dans les noirceurs, souterraine,
Dont la conscience à l’homunculus est semblable
De l’humain par sa double nature insondable,
Il tremble, fœtus dénudé par l’existence
En soi enfouie de sa potentielle omniscience. 

   Joël Gissy 


mercredi 19 juin 2024

La Tradition muette

 

La Tradition muette


Teutatès joint les astres aux terrestres gestes,
Microcosme et secrets des mouvements célestes.
Coudée royale et vitesse de la lumière
Chez les druides, et même avant, sont dans la pierre,
Jusqu’à nous et les mesures qu’en fit Colbert.
Tant de traditions transmises en un éclair,
Ainsi que l’Abrasax des Basilidiens
Jusqu’à l’ordre des Pauvres Chevaliers chrétiens,
Figurations et nombre du cycle solaire,
Et même de la précession de la Terre.
      
                              Joël Gissy 


Ecouter le poème lu :






samedi 15 juin 2024

Heidenbad

Voici le poème qui précède La Fée verte du Bockloch et qui parle lui aussi de la cascade du Heidenbad, c’est à dire le « bain des païens » à Wildenstein. 

Noctifer, Le porteur de nuit, 2014.



Heidenbad

C’est une cascade grandiose et fracassante.
Du haut d’un roc brumeux, elle se précipite
Et creuse en bouillonnant une ronde marmite.
Plus loin, où s’émeut une rumeur coassante,

Sur la mousse qui suinte un léger marécage,
Je me figure un druide entouré d’ombres blanches,
Or que tourbillonne l’abîme sous la rage
D’un écho chevauchant d’équestres avalanches.

Et tandis que dans l’ombre, un cerf au corps hybride,
Ainsi qu’un dieu sauvage des bois séculaires,
Entraîne au fond du gouffre un spectre par la bride,
Je vois se refermer ces flots spectaculaires.

                                 Joël Gissy
 




mercredi 12 juin 2024

Poèmes à écouter

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Emmurement karmique


Emmurement karmique

Sous la voûte aquatique, entité minérale,
Médite en sourd grognement l’Empuse abyssale.
Insecte orthoptère ou champignon parasite,
Siphomycète insinue son intase iblite
Les rhizomes en nécrose aux fourmis zombies.
Et la brute enchaînée d’orgueilleuses envies
Trône avant de remonter, Antique Dragon,
Tel un Léviathan obscur des mers du Gabon.
De gloire et de ténèbres, resplendit l’Abîme
Aux miroirs infinis, qui s’écrase, sublime.

                                     Joël Gissy 



En deçà du Chemin


En deçà du Chemin 

Le souvenir moussu d'un songe affleure au creux
De la sylve enchantée, comme un sentier pierreux.
Dans le ruisseau gloussant de parfums forestiers 
Glissant, la marche aventureuse en soi sombra. 
D'un reflet affleurant, plonge la colympha 
Parmi les senteurs tortueuses des noisetiers.

                                      Joël Gissy 



Récit d’un voyageur


Récit d’un voyageur

Sur l’à-pic où soudain je m’étais égaré,
Par les musiciens d’un air mystérieux
Parce qu’ils savaient, de ma démence curieux,
Me voilà vers l’ailleurs enfin réorienté.
Ils portaient un vieux cymbalum, et parmi eux
Me fixa l’ironie d’une étrange beauté.
En barque cheminant au fond d’un terrain vague,
S’encastre sous une dalle un ancien bassin.
Le guide sur le pas nous salue d’une blague.
Et les êtres gris au regard arachnéen
Dans la pénombre en rampant tels des singes morts,
Dont il ne fallait pas trop croire en l’existence,
S’empressaient sur les eaux, sur les ponts, sur les bords.
Alors, en un concert de grincements rouillés
Quand se leva l’écluse d’une trappe immense,
Vers le monde des dieux fûmes-nous emportés ?
 
                                               Joël Gissy 



Image Roman Boskhov


Désir et Musique à écouter


Désir et Musique

Les frissons du désir, enfants de la musique,
Submergent un esprit et s’enflent dans nos chairs
Comme un orage empli de spasmes électriques.
La vague énorme semble emporter par les airs
Le cœur que transporte son élan pathétique,
Soudain précipité en de lointains éthers.
Et dans un océan de rayons prismatiques,
Il s’ébat, quand frappé d’innombrables éclairs
Qui s’abattent sur lui, foudre accusateur,
Leur éclat le soustrait à cette apesanteur.
Alors, pareil à l’oiseau transpercé d’un trait,
Fracassé contre la berge en mille explosions,
Se débattant parmi d’affreuses convulsions,
Son battement se meurt ainsi qu’un menuet.

   Joël Gissy 


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Image de Nancy Fabiola Velasquez Cosenza