samedi 26 juillet 2025

Scrupulus


Scrupulus

Le sacrifice arde au jour antépénultième,
Tel un soleil stagnant d’un reflet léonin.
Se scinde la sphère ainsi qu’en son cube un chrême
Déployé royalement dans une main,
Comme une rose en pentagone prismatique.
L’hypostase amplifie l’hypothèse des hontes,
Ecrasant la conscience en effort pathétique.
Bourdonne l’essaim mélodieux des Archontes,
Abaissant les couleurs de sa vibration
Jusqu’à la lourdeur de la réification.

                         Joël Gissy


Le Songe du Fou de pique


Le Songe du Fou de pique

Dans une forêt vert-luisante,
Court, gloussant, un petit ruisseau
Qui scintille, eau phosphorescente.
Mon rêve en son lit va d’îlot
En rocaille, intrusant un monde
Parallèle ainsi d’une porte
Féerique en charmille profonde.
Passée, sèche la maison morte,
Par des contrées en filigrane
Que mon exploration profane.

                      Joël Gissy






Le Chant des Sirènes


Le Chant des Sirènes


Epousent les naufragés des Mermaids delphiques,
Cunéiforme, les Danaïdes celtiques.
Les momies songent des pyramides guanches ;
L’alchimiste lit de sa pomme d’or les tranches.


                     Joël Gissy

                                                    Les Coquecigrues, BoD, 2017


vendredi 25 juillet 2025

La Mort physique


La Mort physique

J’habite quelquefois une morne masure
Bordée de hauts sapins au coin d’une clairière.
Tout près stagne un étang, ou est-ce une rivière ?
Aux berges embourbées. On pêche le silure.
Des monstres somnolents, au corps lisse et noirâtre,
Se meuvent avec lenteur tels de grands mollusques
Et en masse inquiétante, chimères étrusques,
Affleurent par milliers de ce marais saumâtre.
C’est un chalet bizarre à forme danubienne,
Avec une terrasse accueillante et rustique,
Une table de ferme, une horloge d’ébène,
Et puis une mansarde où le plancher s’élève
En un dédale obscur de mine fantastique
Où l’on accède à toutes les contrées du rêve.
Mais dans une remise, à l’entrée du grenier,
Parmi tout un fouillis suranné de brocante
Qu’éclaire un lampadaire du siècle dernier,
Inexplicablement, diffuse et émouvante,
Flotte ainsi qu’une ambiance une onde d’épouvante,
Semblable à celle que doit sentir un voleur
Un soir frileux qu’il cambriole sans pudeur
De vieilles personnes qui dorment à côté.
Ai-je dans mon sommeil, sans le vouloir peut-être,
Profané les secrets d’un temple d’Astarté ?
Existe-t-il ailleurs, en un monde onirique,
Des couloirs invisibles où l’esprit pénètre
Dans une atmosphère limpide et vampirique,
Et des dieux inquiétants clapotent dans la fange ?
Je ne sais pas quand m’est venu ce songe étrange,
Mais je suis convaincu que j’y retournerai,
Et sans doute n’en reviendrai-je plus. Qui sait ?

                                 Joël Gissy

Noctifer, Le porteur de nuit, BoD, 2014

Le Doppelgänger


Le Doppelgänger

Je me demande parfois si ce n’est pas moi
Le double maléfique, à la fois loin mais proche
D’un homme innocent, tel un spectre qui s’accroche.
Soudain, l’air devient de plus en plus sombre et froid.
Voici qu’éclatera la funeste rencontre
Comme un miroir où frappera sa tête contre,
Ou par le flux tapageur d’une rue passante
Une inconscientisable et soudaine épouvante.

                                Joël Gissy


Alchimie aurorale




Alchimie aurorale

La flamme violette, alcaline, éclot
Se mêlant à la verte ardeur du cuivre.
Double lueur dans le ciel mystique

D’un matin d’où revient l’humble bateau
De trois saintes, sur l’esquif, et survivre,
Comme une élévation renaît cyclique.

Dans les tièdes frissons de l’esseiro,
Balance au lointain le feu follet ivre
D’un bois empoisonné trop mimétique.

                              Joël Gissy


jeudi 24 juillet 2025

Les Métamorphoses du Phœnix


Les Métamorphoses du Phœnix

Sur les champs de Saturne, horizon phlégréen,
L’oisillon naît au nid, visitant de son bec
Ce vase ovoïdal, sous l’œil jupitérien
De l’Un-père où s’incarne en pensée l’âme impure.

Alors qu’en cœur déjà se dessine le Nec
Plus ultra d’une étreinte aux effusions caduques,
Obéissant à l’illusion de sa nature
Tel un nuage effervescent de noctiluques,

En vain, il s’hypnotise au miroir de Narcisse.
Puis retournant à la Terre en plongeon martial,
Ainsi qu’en les tréfonds d’un puits minéral,
Rectifiant son vol sans savoir qu’il s’unisse,

Enfin l’emporte la couronne de la gloire
Au grand Soleil pour l’hymen d’Hermès et Vénus.
Dans un bois fleuri aux nuits d’une lune noire,
Or que la douce licorne veille à ses lys

Comme un ciboire ancien où, renaissant pictus,
L’oiseau de paradis du Jugement Dernier,
Se conformant aux cycles des saisons d’Apis,
Emerge aux feux de son sépulcre, humanisé,

Le Titan primordial qui porte la clarté
De la Connaissance ultime au monde aveuglé,
Contemple en soi-même l’univers tout entier.
Car tandis que remonte de la mer la Bête,

Chevauchée par l’Hermaphrodite originel
Reflétant le silence insondable du ciel,
Le physeter qui semble d’un dragon l’arête,
Engloutit tel Jonas l’autre bout par la tête.

                                 Joël Gissy 

Les Révélations d'Awalhdouateden, BoD, 2015



Vitriol - Alchetron, The Free Social Encyclopedia

mardi 22 juillet 2025

Le Roi pétrifié






Le Roi pétrifié
 
Dumuzi le pêcheur descend vers les Enfers,
Aimant toujours à mort l’assassine Inanna.
Sur le trône obscur où l’échange mit aux fers
Ce successeur, il songe à Uruk Kullaba,
Nostalgie d’une étreinte trompée par la ruse.
Abondance émergée des profondeurs chthoniennes,
La coction décomposée, poussant, se refuse,
A l’air lumineux dragon tirant sur ses chaînes.

                              Joël Gissy


lundi 21 juillet 2025

La Fausse Rencontre


La Fausse Rencontre

Tel un invisible Gygès,
Je fuirai toujours en oblique,
Tournant l’anneau, valet de pique.
Par les dédales de l’Hadès,
Le double au monde s’entrelace.
D’un Livre pour sortir au jour,
Le gardien tournoyant s’efface,
Inconnu, Maître du détour.

               Joël Gissy



Ecouter le poème :






Bocca della Terrore


Bocca della Terrore

Entre une muraille où la nature a repris
Les droits de sa sauvage extase vénérée,
S'ouvre l'antre égaré des sylvestres esprits,
Temple inconnu d'un sous-bois étrusque. Oubliée,
De la matrice ignée d'une caverne antique,
Ressurgit une immémoriale panique.
En montant par les marches dévorées de lierre,
Par la bouche écartelée d'un masque tragique,
On aperçoit un petit autel de pierre.

                            Joël Gissy


dimanche 20 juillet 2025

Botanique humanoïde


Botanique humanoïde

Sur un chantier abandonné depuis longtemps,
Ourle la tanaisie, jaunissante dans l’aube.
Tombeaux herbeux séchés, et puis de la ciguë,
Nachtschatten des mandragores aux mors aiguë,
Bézoard d’un homunculus cuit par les ans.
Tranchant comme un fouillis ébouriffé de jaube,
Grappes solanacées du Diable où des os
Inconnus, se refrit des chiens errants la daube,
Moisson délétère héritée de Déméter.
Le matin répand son odeur de pain dans l’air.
Maison somptueuse aux Jnoun parmi les pavots,
Ainsi qu’une sale rumeur qui s’enfuit,
Rampent par les gravats les ombres de la nuit.

                                    Joël Gissy



Ecouter le poème :





mercredi 9 juillet 2025

De grandine et tonitruis


De grandine et tonitruis

Agobar, savant et sage, avait prévenu
Son Grand Empereur que le temps était venu.
Charlemagne ainsi connut le Peuple de l’air,
Anges intermédiaires d’un monde inconnu.
Voguant sur les nuages, leurs vaisseaux d’éclair
Dévastaient les champs de signes par leurs auras,
Qui font penser aux géoglyphes des Nazcas.
Son petit-fils... Les Ægyptiens, avaient tout vu.
Parfois, ils enlevaient des témoins de valeur,
Afin de nous expliquer leurs intentions.
On fit hisser des mâts pleins d’incantations
Afin de leur souhaiter naufrages et malheur.

                                 Joël Gissy


L’Analepse des Songes




L’Analepse des Songes

Lorsque les nôtres nous oublient,
Que les liens se ramifient,
L’âme s’incarne, aux fers retors !
L’esprit sans amour nie son corps.
Entre des dimensions futures,
Les souvenirs se font matures.

Par ce plan matérialisés,
Comme dans l’autre, affinités,
Se tissent les enfers en nous,
Sans récompense ni courroux,
Constellations magnétiques
Aux accouplements mimétiques.

                    Joël Gissy


La Viande jetée


La Viande jetée

J’avais quatorze ans, en Charente-Maritime.
Mais ils m’avaient jeté des morceaux de cadavre
Trouvés dans des sacs de déchets dans la forêt.
Le Marseillais riait avec son regard blet,
Affreux, épouvantable, innocent, trop intime.
Et son père était catcheur. Inspirant le poivre
Insupportable, un cerf fondu, rien de pareil.
Analepse alanguie, d’un malaise vermeil.

                      Joël Gissy