Songe en miniature
1.
Tu t'étais transformée, petite fée
A la chevelure toute emmêlée
Comme les fils de racines terreuses.
Tu m'as accueilli dans tes souches creuses.
J'aimais tant cette petite demeure,
Terrier où se réjouissait ta famille,
Les poches remplies de gros champignons
Dont les gonflaient d'odeurs les chapeaux ronds,
Dans les bosquets rêvés aux fleurs mouvantes
Semblant parfois des grenades béantes.
Ah ! me noyer sans fin dans tes yeux noirs
Luisant ainsi que de petits miroirs,
Tandis que nous nous effleurions la main.
Mais, à présent, bien loin, mon âme pleure.
Sont parties, étranges, les voix chantantes.
Quand j'ai parlé à ce jeune lutin
Fumant sa pipe avec un air malin,
Soudain, s'est fanée la petite fête,
Dans la seconde où j'ai tourné la tête.
2.
La Mère obscure
La Dormeuse anormale,
Au fin visage pâle,
Souvent, passait ses nuits,
Tous l'avaient raconté,
Penchée sur le bébé
Avec ses yeux rougis
Dans ses longs cheveux noirs,
A tousser. Tous les soirs,
On la voyait sortir
De sous son arbre creux,
Dans un soupir affreux ;
À l'ombre de son pas,
"Car ils ne viendront pas !",
Un vieux de m'avertir,
Et j'entends murmurer
Ses filles : me méfier
De ces buveurs de sang,
De la maudite enfant.
Joël Gissy
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