Quelques poèmes de la soirée :
Forêt diaphane ainsi que d’albâtre theutois,
L’automne en Brèche d’Alep d’éclats violacé
S’étonne d’un Languedoc incarnat, jaspé
En des teintes fleur-de-pêcher dessus les toits.
Tout de Rance immortel par cet été indien,
Il semble que du crépuscule éternisés
Descendent, figés en méandres anisés,
Les blonds sereins d’un Paros presque sarcolin.
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Petit poème sur les origines de la Saint Valentin :
Au fond d'une grotte aux loups du Mont Palatin,
Le bouc est sacrifié comme un Faune. Impatientes,
Agitée par les bergers enduits de son sang,
Sa peau lacérée fouette à nu le sein blanc
De la foule en liesse à nouveau des passantes.
L'aveugle lit le billet de son Valentin.
Poème en langage des calamars
Visage soudain pris d’un rose pailleté,
Il devient progressivement orangé.
Tandis que s’empourprent les sourcils minuscules,
Comme un lent reflux d’encre, le corps vire au bleu.
Souple, la queue d’azur s’orange peu à peu.
Sourcils plus rouges ; frémissent les tentacules.
Du haut de ses remparts qui courent sous la terre,
Qu’étreint une végétation subliminale,
Le vieux donjon veille ainsi qu’un œil de sorcière
Sur la bonne cité, gothique et médiévale.
La légende raconte –On peut encor le voir
Dans une enclave ignorée de la ruine austère.-
Qu’autrefois du château, un ténébreux couloir
S’enfonçait dans la montagne, empli de mystère,
Jusqu’à la ville ensommeillée de mon enfance.
Au seuil révélateur d’une porte d’airain,
De ce passage obscur, souvent la remembrance
Hante mes pensées comme un rêve souterrain.
Je sais un abri concave au creux d’un rocher,
Infesté de décombre, ainsi qu’une chapelle
Désaffectée, dessous la falaise niché,
Fermé par un lourd portail de fer où ruisselle
Un pleur ancestral suinté de la voûte humide,
Dont s’ouvre à mon esprit le sentier oublié.
Et je devine, affleurant ce gravât putride,
Un escalier secret à demi obstrué
Où des salles d’armes et des lacs enfouis
Recèlent des cohortes casquées de squelettes,
Gardiens sans yeux par mille torches éblouis
Crépitant au milieu de vastes oubliettes
Quand passe dans la pénombre un intrus tardif.
Et je découvre en ces galeries incertaines,
Or que je chemine, sombre et contemplatif,
Parmi mes rêveries fructueuses et vaines
Une catacombe inondée comme Venise
Par les crues invisibles des bras de la Thur
Qui couvrent d’un miroir profond tel d’une église
La crypte exorbitée de leur pavage obscur.
Qui sait si dans un siècle quelque archéologue,
Intrépide aventurier, trouvera l’anneau,
Au fond d’un sanctuaire avançant en pirogue,
Où resplendit le pouvoir du grand Saint Thiébaut ?
(Inspiré par une statue de la Collégiale, nouveau et inédit)
Une plante pousse en jaillissant de sa gorge.
Gargouille en grès, végétale, ainsi que de l’orge.
Des coquecigrues courent parmi le feuillage
Evoquant Bès, le dieu nain, de ce visage.