jeudi 30 mars 2023

Stridulation



Stridulation

Les Hommes-Fourmis qui sauvèrent les humains
Les emmenèrent vers les mondes souterrains.
Par les cataclysmes anciens de maints Déluges,
Nos ancêtres secrets trouvèrent des refuges.
O splendeurs cachées des gouffres et des abysses,
Vous êtes les échos de conjonctions propices !
S’abaissant comme les Archontes créateurs,
Descendirent leurs vibrations les géniteurs.

Joël Gissy 


Sizain certain

 Sizain certain


Certains êtres dépassent.

Outre, passons la haine.

Je n'en peux plus, sans doute.

Écrasée, pleut la voûte.

L'intuition certaine.

En vie, ceux-là trépassent.


Joël Gissy



Poème - Le Reclus


Le Reclus


Le seigneur ténébreux, tout à coup, tire l'as

Comme une déformation du Codex Gigas.

L'ancien maître le dit en sa cour à Arras.


Enfermé dans sa tour,

Guetté par un autour,

Telle en un lai d'amour,


Il échange sa liberté

Contre une humeur de la clarté.

Ainsi qu'un vieux bouc noir qui brame,

La fureur exauce son âme.


Joël Gissy

A 4h44 du matin. 




mercredi 29 mars 2023

Poème Mi-ombre

Mi-ombre
 
De ma bouche embrumée par des rêves ambrés,
La fumée s’en va comme une albe chevelure.
Maturation sans fin d’intuition future,
Se forment les embruns d’illusions marbrés.
De spirales brisées en les volutes d’or,
Les reflets d’algorithmes s’enroulent en un
Tels les échos d’un rythme pythagoricien,
Dans un nuage déployant son nombre encor.

Joël Gissy






La Sagesse de Mehen - Poème

La Sagesse de Mehen


L'Osiris muet qui porte ton Nom

Traverse les Portes. Nageant en rond,

Fondu dans le métal du Phlégéthon,

Ame éternellement en fusion,

Si, intransigeant, le Chacal dit non !

Verte chair, l'or survit à l'illusion

Et accomplit sa transmutation.

L'attend à l'angle une déesse amie.

De l'océan Noun, goûte à l'ambroisie 

De Taousert, replongeant à l'ironie !

La Dame de la Nuit, sans envie,

D'un soupir nouveau, lui redonne vie.


Joël Gissy



Ma grotte secrète - poème


Ma grotte secrète


Marchant sur le chemin par le Gouffre du Diable,

J’aperçus un bosquet de coudriers tordus.

Je me dis : « C’est une forêt de sorcières ! »

Et je m’enfonçai dans la sylve inextricable.

Une caverne ronde entrait dans le talus,

Chargée de lierre, de mousse et de fougères.

Un joli petit sapin poussait à côté.

M’accroupissant dans le noir terreux, j’y entrai,

Puis, pas à pas, aux lueurs du briquet, j’avançai.

Jusqu’à cette nuit, je n’avais jamais osé

Aller jusqu’au fond de la galerie, de peur

Qu’elle ne s’effondre, quand j’entendis le pleur

De l’aimée recroquevillée, pour l’embrasser.


Joël Gissy


mardi 28 mars 2023

Au Chêne Wotan

Il y a une vingtaine d'années au Chêne Wotan (Près du Kattenbach, forêt de Thann).

 

Au Chêne Wotan

Par une nuit sans lune où de l’orage immine
Le fracas cyclopéen et cataclysmique,
Mon regard monte aux nues qu’un éclair illumine
A travers l’air qu’irise une lueur cosmique.

Telle une main griffue, agrippé sur son roc,
Le vieux chêne, là-haut, rêve de feu barbare
Où des esprits massifs d’une corne d’auroch
Ebruitent comme un sanglot au fond d’une jarre

Le religieux murmure aux confins des grands bois.
Mais au halo chrétien de la ville endormie
Qui couve ainsi qu’un brasier d’or, ses membres froids
Lancent une imprécation dans la brume emplie

D’un grouillement vague où le frisson primitif
Des bêtes, et du ruisseau clair, et de la flore
S’éveille au pied du géant à l’éclat plaintif
D’un ciel de tempête ensanglanté par l’aurore.

Joël Gissy 

 

            Le Chêne Wotan (Thann, Alsace)

 

Poèmes inspirés par un soupirail symbolique

Voûte de cave

Dessus les fondations des antiques bâtisses
Sont gravés quelquefois des symboles anciens.
Runologie qu’envoûtent ces nécromanciens,
Ils vivent, ravinant ainsi que des varices
 
Les pierres enfouies au milieu des fougères,
Dont le galbe moussu ressemble à des racines.
Et ces stèles d’où les putrescibles glycines
Des colombages vers leurs treillages stellaires
 
S’entrecroisent font des nefs à la coque en croupe
Qui partent pour un voyage céleste, en poupe
Des croissants, piques et des croix de Saint André,
Parmi tout un langage où l’Ailleurs est crypté.
 
Emergeant à moitié, d’entre les feuilles mortes
Un petit arc en voûte, ignoré des passants,
Comme à fleur d’un passé mystique ouvre ses portes
Eplorées de toiles d’or au souffle des ans.
 

Affleurement
 
    Ou les symboles mystiques
    d’une Confrérie oubliée
 
Dessus le petit arc en voûte,
Où je venais souvent songer
Et dans ses lézards prolonger
Mes rêves engloutis, sans doute,
 
J’ai deviné un hiéroglyphe,
Comme surgi d’un tertre ancien
De la terre obscure en son sein.
Obstiné ainsi que Sisyphe
 
Qui monterait une caverne,
Or que tout en s’acheminant,
Son crâne pour seule lanterne,
S’obstruait mon raisonnement,
 
Au clair de lune énigmatique,
J’essayais de le déchiffrer.
Quand, ô lumière extatique
D’un pressentiment deviné,
 
Tout s’éclaira soudainement.
 Et des sources au firmament
Ecoulées en chute invisible
Telle une corne d’abondance,
 
J’ai puisé l’eau de la sapience,
Afin que si l’ordre insensible
De ce croissant doré m’atteint
Qu’alors s’annonce son déclin.


Réminiscence de Pount
 
Sur la voûte de grès d’un ancien soupirail
Plongeant en sa cave obscure ainsi qu’un vitrail
De toiles d’araignées, dessus les fondations
Que les bangards anciens ornaient de leurs blasons,
Sont creusés, ignorés, des symboles astraux,
Bénédictions occultes, outils féodaux,
Des initiales en des cartouches à croix,
Shibboleths oubliés des ancêtres sans voix.
On se souvient alors des scinques, serpents-femmes,
Mués en pythons à deux têtes dans les flammes
Sacrifiant au feu intérieur de Moloch.
Et dans le tourbillon d’une corne d’auroch,
S’entrouvre au lieu propice, à la conjonction,
Au fond d’une grotte, en spirale, une arche en pont.
 
Joël Gissy 
 

Photos du soupirail de la Cabane des Bangards de Thann (Alsace)

                                                                                                

dimanche 26 mars 2023

Nostalgie originelle - poème

 

Nostalgie originelle
 
À contre-cœur, de retour à son âge,
Comme un revenant dans un sarcophage,
L'âme se couche en craquant dans son corps.
Prisonnier, tel un papillon, des sorts
Englué dans la toile de la matière,
Se débat l'acharné vers la lumière.
 
 
   Joël Gissy
   Nuit du 25 mars 2023


https://youtu.be/KVcJCBe8KbQ



vendredi 24 mars 2023

Poème Chloris


Chloris


Marchant sous la pluie, telle une diphylleia,

Sa robe immaculée devient translucide.

Frémit la fleur squelette à la blancheur candide

Semblant soyeusement de cristal où l'aura

D'une âme expire en variant sa lueur viride.


Joël Gissy 



mercredi 22 mars 2023

L'Antre intérieur

 

 
                                                                                              Le 23 mars 2023
 
 
L'Antre intérieur

Dans les tremblements d'impossibles arabesques,
S'imaginent les ardeurs de faces grotesques.
L'Anima sola s'agrippe aux barreaux de fer,
Athanor où se volatilise l'éther.
Girant par le détour de la caverne antique,
S'égare le pas du solitaire, hermétique.
Triomphant, se devine un Moloch d'or qui craque,
Fenêtre ajourée d'une fournaise orgiaque.

                                                    Joël Gissy

 

mardi 21 mars 2023

Poème - Le Pélican

Le Pélican
 
Le pélican plonge son bec dans sa poitrine
Pour nourrir son enfant de son hémoglobine.
Souffrance immaculée du sanglant sacrifice,
La pensée révélée remonte de l'abysse.
Ainsi, l'aigle perce le ciel de son regard,
Tel Horus face au soleil, exprimant son Art.
 
Joël Gissy 


samedi 18 mars 2023

L'Icône - poème

L'Icône

En cette sombre vallée de larmes, fantôme,
L'errance à pas sans sol, brumeuse de nos pleurs,
S'éveille aux relents de pestilentielles fleurs,
Tel d'un râle impossible, amuï, le symptôme.

Notre salive a comme un goût d'adrénochrome,
Et notre volupté, de lucides odeurs,
Se complet dans la nuit de languides stupeurs.
Panique apesanteur d'un impossible psaume,

Le coureur terrorisé, plus il veut crier,
Étouffe en balbutiant son appel étranglé.
Promettant l'oubli d'une amoureuse ambroisie,

Semblant Circé, douce image, flattant son porc,
Son espoir trompé l'enchaîne à son amnésie
Dont flotte, ombre échouée, le mirage du port.

Joël Gissy

Nuit du 17 mars 2023




L'Antidote de Circé

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lundi 13 mars 2023

La Nymphe des Brumes

 

 
La Nymphe des Brumes
 
Lueur bleue projetée par la lune croissante
Sur le mur blanc sous les cyprès un soir tardif
Tels de sombres sourcils froncés, nuit retombante,
Les verdeurs s'aquatisent de l'aulne plaintif
De l'allée où nous avons erré dans la brume.
Sur la rivière, une petite nymphe fume.
 
Joël Gissy 
 
 
 

dimanche 12 mars 2023

Rencontres et découvertes - mars 2023

 
 

 

Le samedi 11 mars 2023. Association Leopotentiels avec l’école de musique de Richwiller. Musique, poésie, géophysique, théâtre d'improvisation.

 
Les poèmes :
 
Désir et Musique
 
Les frissons du désir, enfants de la musique,
Submergent un esprit et s’enflent dans nos chairs
Comme un orage empli de spasmes électriques.
La vague énorme semble emporter par les airs
Le cœur que transporte son élan pathétique,
Soudain précipité en de lointains éthers.
Et dans un océan de rayons prismatiques,
Il s’ébat, quand frappé d’innombrables éclairs
Qui s’abattent sur lui, foudre accusateur,
Leur éclat le soustrait à cette apesanteur.
Alors, pareil à l’oiseau transpercé d’un trait,
Fracassé contre la berge en mille explosions,
Se débattant parmi d’affreuses convulsions,
Son battement se meurt ainsi qu’un menuet.
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La Forêt nocturne
 
Fleurs musicales aux mille odeurs colorées,
Tintent les clochettes en la sylve onirique,
De neigeux pollens étincelant saupoudrées.
Charmille d’un arbuste, au creux d’un feu-follet,
Joue un jeu magique un petit être violet.
Le rêveur avance en un ruisseau féerique
Sur la tendre clairière de mousse et d’épines
Comme une chambre intime embaumée de résines.


Fantaisie japonaise
 
Sur le dos massif d’une tortue torturée
Par les enfants, vers le palais d’Otohimé,
Déesse aux cheveux comme une algue entrelacée,
S’en va le garçon, des mers en l’onde enlisée.
D’un paysage bleuté sombrant, nuancé,
Par des cavernes sous-marines remonté,
L’animal reconnaît sa générosité.
Quand, soudain d’êtres inconnus environné,
Le sage ancien s’oubliant s’est réincarné.
 

氷がきらめく
水晶の枝
ミッドナイトブルー
 
La glace scintille
Les branches sont de cristal
Bleu nuit


Au-delà de la Conscience
 
Le prophète inuit, dès qu’il passa sept ans,
Angekok, cessa de voir les monstres ramper
Sous la verrière où vague il aimait à tremper
Son regard parmi les flots bleus. Et ses parents,
 
D’un transport inouï, enfin manifestèrent
Par des danses, l’ivresse et la félicité.
Alors, l’enfant leur dit avec facilité
-Les chamanes anciens longtemps le racontèrent-
 
Les merveilles cachées des mondes engloutis.
Il était des grottes gelées sous la banquise
Et des palais de glace emplis de cliquetis
 
Qu’une lueur vivante en clapotant irise.
Et ses paupières se fermèrent à jamais :
Aveugle et tâtonnant, il alla désormais.
 
 
CCIV.
 
(Extrait de mon recueil Guenizah)
 
Mythe d’un alphabet proto-cananéen,
Le Taureau céleste en poisson astronomique
Plonge, au tour du Delta, dans la porte atlantique.
Mais par les détours d’une roue kabbalistique,
Tel un serpent océanique égyptien
Bras levés, retourne à la croix l’oiseau humain.
L’homme se lève et crie son appel pathétique
Puis retombe accroupi comme un reptile ancien.


Connexions animales
 
Nourris des avenirs, se meurent en passés
Les échos irraisonnés des compassions
Comme le frisson d’étranges prémonitions
Qui s’échangent des informations, plaintif,
Parcourant les cuirs chevelus, électrisés.
Des profondeurs de l’inconscient collectif,
Résonne le réseau du nombre primitif.
Sapience innée reflétant les constellations,
Clémence de Titus, résolues sont les clefs.


Inquiétude
 
  Poème en langage des calamars
 
Visage soudain pris d'un rose pailleté,
Il devient progressivement orangé.
Tandis que s'empourprent les sourcils minuscules,
Comme un lent reflux d'encre, le corps vire au bleu.
Souple, la queue d'azur s'orange, peu à peu.
Sourcils plus rouges; frémissent les tentacules.


Attendrissement
 
Je suis pareil à ces hippocampes d’Ilion,
Qui par milliers, amicaux, vont voir les plongeurs
Parmi l’espace scintillant des profondeurs,
Et meurent soudain à la première émotion !
 
Avant de remonter, triste nuée de corps,
Les petits équidés, mignons et pleins de grâce,
Font un ballet aquatique, et plus d’un embrasse
Du bout de sa trompe aimable, en ces beaux décors,
 
Le curieux qui les trouble, et l’aime et l’accompagne.
Alors, vers la lumière ondoyante il regagne,
Porté par l’écume oublieuse aux plages claires,
 
La vaste éternité dont à peine affleurait
Ces myriades de consciences élémentaires
Dont s’éteint en un souffle indistinct le secret.
 
Joël Gissy
 
 

mercredi 8 mars 2023

Louange vibrante

 Louange vibrante


En des tréfonds impurs, mon âme s'inquiète.

Entre la Lune et Mars, la douce Habuhiah,

Adorable, triomphe de sa calme aura.

Il est une petite et sage violette.


Joël Gissy

mardi 7 mars 2023

Musique de la Lune - poème

 Musique de la Lune


Dans l’alcôve où s’était blottie la nuit complice,

L’éternité rêvait pour nous, mon Eurydice !

Je pensais très fort : Oui ! et tu parlais de Verne.

Au centre de la Terre, en les gouffres de Lerne,

De mes frissons l’élan, tel un sphinx aveuglé,

Par les battements de l’un l’autre harmonisé,


De tendresse tes pas obscurs aurait suivi.

Sans choisir savourer du martyr le répit !

Ecoute les soupirs errants parmi les bois…

Fondons notre âme, et moitié de l’hermaphrodite,

Ah ! laisse s’effondrer la voûte troglodyte,

Afin que pour toi je puisse périr deux fois.


Joël Gissy    


Extrait des Révélations d'Awalhdouateden