dimanche 30 juillet 2023

Cette nuit


Multiplication 


J'ai vu deux courts traits lumineux.

Ainsi qu'une étoile filante.

Ont surgi ces objets curieux.

Se tait la planète vivante.

Des astres chthonienne conscience

Illuminée par la sapience.


-


Les Amis


La compassion est humaine,

De même que la cruauté.

La souffrance les indiffère.


Pareil pour les pulsions de haine.

Mais la ténébreuse clarté

De leurs grands yeux pleins de mystère


Jamais insensible à la peine.

Et la structurelle beauté

N'est pas inconnue de leur sphère.


  Joël Gissy




jeudi 27 juillet 2023

La Fée verte du Bockloch

 La Fée verte du Bockloch
                                               
                             Légende du Schlossberg 

Il est près d’un village nommé Wildenstein
Un château en ruine au sommet d’une montagne
Rocheuse qu’environne une verte campagne.
Une légende –ce n’est pas celle de Daïn,

Ni celle d’Artus, mais d’une crête incertaine-
Raconte qu’au temps jadis, des seigneurs brigands,
Barbares sans pitié, pillards et arrogants,
Avaient élu demeure sur ce roc en peine.

Chasseurs invétérés, hommes durs et cruels,
Assassinant sans cesse et malmenant leurs serfs,
Ils aimaient avant tout la guerre et les duels
Et traquer jusqu’au fond des bois les nobles cerfs

Qui parfois se jetaient dans l’onde tourmentée
D’une chute immense qu’on dit toujours hantée
Par le fantôme vert d’un chevalier sauvage.
Ce fut une nuit sombre, avide de carnage,

Que le seigneur le plus brutal de ces bandits
Périt dans le tumulte avec son destrier,
En traquant un brocard par les gouffres maudits.
Les anciens savent encor que le meurtrier,

En poursuivant la bête noire aux yeux jaunâtres,
Jura plus d’une fois le saint jour de Noël
Avant de sombrer dans le courant éternel.
Depuis ce soir funeste, on tremble au coin des âtres

Aux parages de la sombre forêt damnée.
Il m’arrive d’aller dans cette ruine austère
Quand vient l’été frileux, au moment de l’année
Où la nature est calme ainsi qu’un cimetière,

Afin de surprendre le galop frénétique
Du cavalier qui erre en ces lieux désolés.
C’est une forêt troglodyte et pathétique
Qu’un murmure parmi les arbres boursouflés

Emplit d’une diffuse et troublante inquiétude,
Qui court sur votre nuque comme un baiser froid !
Sous une voûte intacte, un escalier étroit
Conduit à un petit pré par un sentier rude

Duquel j’aime contempler le val endormi.
Mais lors d’une nuit obscure aux ombres mouvantes,
Je fus frappé en mon sein, meurtri à demi,
Par l’inflexion aux langueurs évanescentes

D’une plainte hésitante, humble et surnaturelle,
Qu’une voix pleine de douce mélancolie
Egrenait au vitrail ardent d’une tourelle.
Alors je levai mon regard plein de folie

En direction de cette apparition spectrale
Que je devinais à la lueur vagabonde,
Et je fus saisi d’une froideur sépulcrale
Quand j’aperçus soudain une sylphide blonde

Qui se tenait livide à la fenêtre enclose.
L’étrange miniature était si frêle et pâle
Que le vent balançait sa chevelure éclose   
A la trouble verdeur de ses beaux yeux d’opale ;

Et désespérément, la grêle prisonnière
Se penchait sur l’abîme, blême et implorante,
Comme si derrière elle la glauque lumière 
De ses geôliers l’eût fait vaciller d’épouvante,

Esclave maltraitée par de lâches bourreaux,
De sa prison de verre étreignant les barreaux,
Ou telle une pensée qui s’incline et frémit
Aux tendres feux du soir qui frissonne et gémit

Quand vient le crépuscule en soupirs éclatants.
Emu, alors certain que mon heure sonnait,
J’escaladai la falaise jusqu’au sommet
Pour cueillir la fleur aux longs rais étincelants.

Je caressai la corolle à plat sur ma paume,
Juste entre deux doigts, puis brisai le fil d’arôme
Par où tenait la vie de cette créature,
Calice odorant sur un lit de pourriture.

Grelottante et blottie ainsi qu’un petit être,
Je sentis mourir au creux de mes mains ouvertes,
Et perdre le souffle en suintant des gouttes vertes,
La fée dont un instant j’avais été le maître.

Alors la voix se tut –j’avais rompu le charme-,
Et je crus que la rose versait une larme…
Sur le roc mystérieux où je savais entendre
Autrefois les sanglots d’un air tristement tendre

Ebruité par la fraîche rosée du couchant,
Je ne vois plus que ravage et destruction,
Or qu’en place de mélopée, le cri méchant
Et comme plein de glace du morne aquilon

Siffle un remords lugubre dans la nuit humide
Que la lune irise d’un éclat maléfique,
Tandis qu’au loin varie le jappement timide
Du perfide chat-pard et d’un chien famélique. 

Joël Gissy  


Noctifer, Le porteur de nuit
, 2014

lundi 24 juillet 2023

Quintil gnostique


Quintil gnostique


Laissez-nous donc ! Fidèles,

Isis et Osiris,

Des Saints Anges les ailes

Multiples sont l'iris

Des superpositions.

Circulent les passions.


Joël Gissy 


mardi 18 juillet 2023

Rien n'est dit - Tout est vrai

 

Rien n'est dit

Dorothy Eady, ou bien plutôt Om Sethi
Revint, tel Elie, jusqu'au temple d'Abydos.
Hatchepsout se souvient aussi de Cnossos.
D'un secret amour se révèle la nuit.



Tout est vrai

La pensée semble éclore
Tout au fond de l'abîme,
D'une rose sublime,
Expansion chténophore.
D'yantras, centre intime,
Passion noctivore ?


                       Joël Gissy


Silbo


Silbo

À l'arrière, s'ouvre notre autre œil,
Sifflement d'un langage de Kuşköy.
"Je ne suis qu'un aveugle qui sait voir,
Raccorni par son abrutissement.",
Se tait l'ebloui des jours, dans le noir. 
Vers soi, se regarde, en miroir, l'instant.

Joël Gissy

jeudi 6 juillet 2023

L'Intelligence de la Beauté

L'Intelligence de la Beauté


T'embrassant dans mes bras vides, mais la distance

Accroît le lien de cette étreinte. O discordance

De ce Chaos-temps. L'attraction métaphysique

N'est plus qu'une intime expansion mimétique.

Si fort, au delà de notre espace infini

Que nos corps se fondraient comme en un seul esprit.


Joël Gissy  

Attendrissement


Attendrissement

 

Je suis pareil à ces hippocampes d’Ilion,

Qui par milliers, amicaux, vont voir les plongeurs

Parmi l’espace scintillant des profondeurs,

Et meurent soudain à la première émotion !

 

Avant de remonter, triste nuée de corps,

Les petits équidés, mignons et pleins de grâce,

Font un ballet aquatique, et plus d’un embrasse

Du bout de sa trompe aimable, en ces beaux décors,

 

Le curieux qui les trouble, et l’aime et l’accompagne.

Alors, vers la lumière ondoyante il regagne,

Porté par l’écume oublieuse aux plages claires,

 

La vaste éternité dont à peine affleurait

Ces myriades de consciences élémentaires

Dont s’éteint en un souffle indistinct le secret.

 

  Joël Gissy 

L'Etreinte du Guerrier


L'Etreinte du Guerrier


Quand fleurit le silence, au mois d'avril,

S'achève un ancien rituel viril.

C'est alors que l'âme sort de l'exil.

Les larmes d'or sont ainsi qu'un courage

Dont le singe a distillé le breuvage

Et que le sage exprime dans sa rage.

Embrassé, l'enfant retient un sanglot.

En rêvant, la patience ne dit mot.

L'existence n'est qu'un nakizumō.


Joël Gissy