samedi 20 février 2016

Expressions contemporaines

Expressions contemporaines, duos d'artistes, exposition-lecture au Relais Culturel de Thann, 2007.


Les poèmes d'après les dessins :

 
L'Encéphalogramme, Marcel Helfer, grand format rotring.
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Etude sur l’Encéphalogramme dessiné par Marcel Helfer
 
Entre deux autans ignoré, plastique Orpheus,
Le Grand Planificateur dessèche ses os.
Contraire à la perfection du juste Cosmos,
Il songe aux chercheurs d’antans qui sont revenus.
 
Eternel, il croit voir, cervelle au groin sans yeux,
L’espace planétaire où le chaos fait loi,
Comme un mauvais oiseau qui sort d’un arbre creux.
La Réflexion s’interroge à savoir pourquoi
 
Sa tête n’est pas inversée, or qu’il se meurt
Depuis si longtemps que jamais sa vie ne fut.
C’est une étrangeté curieuse où le docteur
Qui le prit, fixant trop son cliché, s’est perdu ;
 
L’analyste méticuleux regarde encor.
Voyons le contenu de ce crâne en détail :
Il doit appartenir à quelque alligator
D’une espèce inconnue. La cavité d’émail
 
Que son haut front protège au fil des millénaires ?
Semble un peu incurvée à l’endroit du cortex.
-Un animal spirituel !- Les visionnaires
Poursuivront l’examen. Comme enduits de latex
 
Suinté du tronc sont gravés les stigmates d’une
Civilisation, sur ce masque décati,
Dont plus tard découvrira, derrière une dune,
Quelque autre humanité le dédale enfoui.
 
***
 
Souvenirs de l’Encéphalogramme
 
Hybride épouvantable, antérieur aux Ages,
D’un molosse amoureux d’une goule simiesque,
Où s’allient étrangement les doubles visages
D’une hérédité reptilienne et grotesque.
 
***
 

Sur le Petit Rêveur de Marcel Helfer
 
Embryon de l’extase éclos sous les chaleurs
D’un astre double, enclos, notre esprit se souvient
Parfois, explorant le néant de ses torpeurs,
D’un univers béant et antédiluvien.
 
Parmi des flots vermeils de mirages trompeurs,
Il sent les cris muets d’un peuple qui a faim
Où Lilith en triomphe est portée par ses pleurs.
La foule hybride évolue, au large sans fin,
 
Et avance ainsi qu’un cauchemar de Darwin
Dans la nuit vampirique, or qu’au loin se détourne
L’ardeur des jours futurs, sphynge immolée d’un Djinn.
Cependant qu’en ce songe infernal il s’enfourne,
 
Sur l’écran de sa paupière au globe embrasé,
L’enfant devine un monde panique et lutin
Où nage l’illusion de la Perversité
Comme un cortège extatique et dionysien
 
Qui se confond dans l’onde évaporée d’archal
Semblable au réseau d’un tourbillon magmatique,
Symbolisme oublié d’un cycle sidéral,
Aux complexes éons de ce flux magnétique.

Joël Gissy
 

 
 
Le dessin d'après le poème :
 


L'anachorète et la Figue, Marcel Helfer, grand format rotring.
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L’Anachorète et la Figue
 
Dans un château cathare, au fond d’une chapelle,
J’imagine, or que je traverse la garigue,
Un bonhomme à genoux, qui soudain m’interpelle
Et, debout en froc noir au versant, d’une figue,
 
A l’étranger offrant tout son bien et son aide,
Me tend le miel comme un remède à ma fatigue.
Puis sans me déranger, suivant la pente raide,
Me voyant mordre au suc vermeil avec intrigue,
 
Il m’emmène à son pieux logis d’un air pensif,
Et, soudain penchant son corps maigre et maladif
Devant la porte de vigne vierge et de lierre,
 
Marmonne d’un ton rauque ainsi qu’une crécelle :
« N’ai-je pas mal agi de baiser la matière
Et risqué le salut de mon âme immortelle ? »
 
Joël Gissy
 
 
Poèmes extraits du recueil Noctifer, Le porteur de nuit :
https://www.bod.fr/livre/joel-gissy/noctifer/9782322011339.html


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