dimanche 25 octobre 2020

Légende de Thann

Les Mystères de Thann
 
Du haut de ses remparts qui courent sous la terre,
Qu’étreint une végétation subliminale,
Le vieux donjon veille ainsi qu’un œil de sorcière
Sur la bonne cité, gothique et médiévale.
 
La légende raconte –On peut encor le voir
Dans une enclave ignorée de la ruine austère.-
Qu’autrefois du château, un ténébreux couloir
S’enfonçait dans la montagne, empli de mystère,
 
Jusqu’à la ville ensommeillée de mon enfance.
Au seuil révélateur d’une porte d’airain,
De ce passage obscur, souvent la remembrance
Hante mes pensées comme un rêve souterrain.
 
Je sais un abri concave au creux d’un rocher,
Infesté de décombre, ainsi qu’une chapelle
Désaffectée, dessous la falaise niché,
Fermé par un lourd portail de fer où ruisselle
 
Un pleur ancestral suinté de la voûte humide,
Dont s’ouvre à mon esprit le sentier oublié.
Et je devine, affleurant ce gravât putride,
Un escalier secret à demi obstrué
 
Où des salles d’armes et des lacs enfouis
Recèlent des cohortes casquées de squelettes,
Gardiens sans yeux par mille torches éblouis
Crépitant au milieu de vastes oubliettes
 
Quand passe dans la pénombre un intrus tardif.
Et je découvre en ces galeries incertaines,
Or que je chemine, sombre et contemplatif,
Parmi mes rêveries fructueuses et vaines
 
Une catacombe inondée comme Venise
Par les crues invisibles des bras de la Thur
Qui couvrent d’un miroir profond tel d’une église
La crypte exorbitée de leur pavage obscur.
 
Qui sait si dans un siècle quelque archéologue,
Intrépide aventurier, trouvera l’anneau,
Au fond d’un sanctuaire avançant en pirogue,
Où resplendit le pouvoir du grand Saint Thiébaut ?
 
-
 
La Légende de Thann
 
Sur les sapins secoués d’un souffle magnétique,
Du haut de son château qu’un roi futur brisa
Tel un œil de sorcière, un descendant mythique
Voit une triple lumière miraculeuse.
Curieux, intrigué par cette mystique aura,
Le seigneur crut à l’intervention divine.
Comme électrisé par un nuage statique,
Le bâton fidèle semble avoir pris racine.
Du pommeau de son bourdon dans la sphère creuse,
Ardait le pouce arraché serti de l’anneau
Aux pouvoirs surnaturels, du grand Saint Thiébaut.
Cependant remontait, silencieux dans l’air,
Le char céleste, rapide comme l’éclair.
 
 
           Joël Gissy

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