samedi 11 février 2023

Les Mystères de Thann


 Les Mystères de Thann

 

Du haut de ses remparts qui courent sous la terre,

Qu’étreint une végétation subliminale,

Le vieux donjon veille ainsi qu’un œil de sorcière

Sur la bonne cité, gothique et médiévale.

 

La légende raconte –On peut encor le voir

Dans une enclave ignorée de la ruine austère.-

Qu’autrefois du château, un ténébreux couloir

S’enfonçait dans la montagne, empli de mystère,

 

Jusqu’à la ville ensommeillée de mon enfance.

Au seuil révélateur d’une porte d’airain,

De ce passage obscur, souvent la remembrance

Hante mes pensées comme un rêve souterrain.

 

Je sais un abri concave au creux d’un rocher,

Infesté de décombre, ainsi qu’une chapelle

Désaffectée, dessous la falaise niché,

Fermé par un lourd portail de fer où ruisselle

 

Un pleur ancestral suinté de la voûte humide,

Dont s’ouvre à mon esprit le sentier oublié.

Et je devine, affleurant ce gravât putride,

Un escalier secret à demi obstrué

 

Où des salles d’armes et des lacs enfouis

Recèlent des cohortes casquées de squelettes,

Gardiens sans yeux par mille torches éblouis

Crépitant au milieu de vastes oubliettes

 

Quand passe dans la pénombre un intrus tardif.

Et je découvre en ces galeries incertaines,

Or que je chemine, sombre et contemplatif,

Parmi mes rêveries fructueuses et vaines

 

Une catacombe inondée comme Venise

Par les crues invisibles des bras de la Thur

Qui couvrent d’un miroir profond tel d’une église

La crypte exorbitée de leur pavage obscur.

 

Qui sait si dans un siècle quelque archéologue,

Intrépide aventurier, trouvera l’anneau,

Au fond d’un sanctuaire avançant en pirogue,

Où resplendit le pouvoir du grand Saint Thiébaut ?

 

-

 

La Légende de Thann

 

Sur les sapins secoués d’un souffle magnétique,

Du haut de son château qu’un roi futur brisa

Tel un œil de sorcière, un descendant mythique

Voit une triple lumière miraculeuse.

Curieux, intrigué par cette mystique aura,

Le seigneur crut à l’intervention divine.

Comme électrisé par un nuage statique,

Le bâton fidèle semble avoir pris racine.

Du pommeau de son bourdon dans la sphère creuse,

Ardait le pouce arraché serti de l’anneau

Aux pouvoirs surnaturels, du grand Saint Thiébaut.

Cependant remontait, silencieux dans l’air,

Le char céleste, rapide comme l’éclair.

 

           Joël Gissy


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