dimanche 28 juillet 2024

Mirage réel

 


V.I.T.R.I.O.L.


Zneons


Mercure au clair de lune argenté circonscrit
Sa pensée saturnienne en larme de plomb,
Muée au plus bas en colère martiale.
Vénus, au soleil, étoile sa conjonction.
Céleste marelle, éclot le centre infini
Où se construit d'or en abyme une spirale,
De la psyché close impénétrable cocon,
Dont l'Univers contient le miroir mimétique.
Mais quand le creuset cruciforme est replié,
L'origine empourprée du cœur de Séléné,
En l'Oudjat se répercutant comme un rayon,
Embrasse Aphrodite Epitragia par le front
D'Hermès en son hémicarde hiéroglyphique.


                             Joël Gissy




jeudi 25 juillet 2024

Méditation

 


Méditation


Tout seul, sur sa petite île, au milieu du Nil,
Plus loin qu'un tukdam dans sa chambre encor vivant,
Voyage Ban'bdjedet, alentour, en rêvant.
Trépigne l'Apis, enfermé dans un toril.
Voici la fin de l'Homme où commence sa vie.
L'Envie ainsi qu'une hydre en fleurs s'arborifie.


                                  Joël Gissy


mardi 23 juillet 2024

Tako to ama

 


Tako to ama

Le poulpe enlaçant le sein de l’ama,
Femme de la mer, aspire la noix
De sa conque, écho de Kamishima,
En longs claquements qui semblent, sans voix,
Un gloussement muet mais éloquent.
Des crispations, langueur érotique,
Un tentacule insinue en glissant
Son rêve hésitant. Les muscles se bloquent,
Contractés des chouins d’un spasme élastique
Entre les clapotements qui se choquent.

Joël Gissy

 Estampe, Katsushika Hokusai, 1814


Ecouter le poème :

Sur Youtube


Mue charnelle



Mue charnelle

Sous la fourrure qu’elle arrache,
S’est adoucie, nue, la garache
En forme de louve ondulante.
Le hurlement s’émeut en pleur.
Revers secret de l’épouvante
Où se révèle sa pudeur,
A nouveau née, la sorcière
Déploie, secouant sa crinière,
Le flot, sauvageonne innocente,
Flamboyant sur la pâleur
Diaphane ourlant sa peau lunaire.

Joël Gissy 


Deux cryptides

D'r Dideltòpp

                   Cryptide alsacien 

Claudiquant, tel un dideltòpp,
L'humain retourne sur ses pas.
Et trébuche vers le trépas,
Titubant d'un réconfort. Top-
Là ! Ramasse, hybride cornu, 
Ton écu, séquane dahu.


Méditerranée occulte

Surgit, cryptide légendaire,
Un carcinus tentaculaire
L'oracle ignore son mystère.
Devrait-on rester sur la terre ?
Un physeter est plus banal
Que l'hybride paranormal,
Même un primate glacial.

                  Joël Gissy 




lundi 22 juillet 2024

C'est la doline dans le Guangxi !


Tiankeng

                               Gouffre céleste

Décantation d'un fin réseau de brume,
La forêt souterraine du Guangxi,
Karst de la méridionale Chine,
Se déploie, telle une vaste doline.
Soudain, comme un effleurement de plume
Frissonne par un rayon ébloui.
Monde intemporel d'un écrin rupestre,
Se rêve une clairière extraterrestre.
Entre les lacs d'arbustes biscornus,
Volettent des insectes inconnus.


Sylve chthonienne

Dans la doline du Guangxi,
Parmi les fougères velues,
S’ébattent des guêpes dentues. 
Vapeurs des forêts primitives.
Quand on s'imagine assailli
A coups de dards et d'incisives.

                     Joël Gissy


Ecouter les poèmes en images :





Le Progrès




Le Progrès

C’est une promenade, un petit train qui va,
Musée universel, au long d’un vieux couloir
De vitraux art nouveau ; soudain qui sort du noir
Ainsi que l’éclat fumé de la véranda,
Vanité desséchée des roses, d’un manoir.
La méditation s’accomplit dans le soir,
Des civilisations asubha bhavana.

  Joël Gissy 


dimanche 21 juillet 2024

L'Appel interdit




 L’Appel interdit

Lilith septentrionale en chouette hululante
Guidant les âmes par les mondes souterrains,
Se retourne, à l’œil obscur, la déesse hurlante.
Caressant de mains griffues, la vierge sanglante
Renaît du fond des nuits par sa mort des matins.

                                  Joël Gissy


Incantation babylonienne


Incantation babylonienne

Arbre de la vie,
Révèle son Art
L’hématomancie
Du roi Belschatsar.
La sève en frimas
D’Eve lui succède.
Abrasax à bras,
Bouclier anguipède
D’un fouet démiurgique.
Pyramide inverse,
D’un triangle mystique
D’or pythagorique
Jusqu’à la Cour perse.
A l’éloï y a
Percé l’infini,
D’un yod mal tracé,
Baal éternel,
Evra kedebra,
Créera tel qu’il dit,
Aleph effacé
Sur le front mortel.

             Joël Gissy 





vendredi 19 juillet 2024

Bien plus vieux




Bien plus vieux

Par les contes d'anciens inconscients collectifs,
De la komè dans les coins d'un style dorique,
Se réjouit en pleurant le croc d'un clown antique.
La belle-mère s'est régalée sous les ifs.
Un mime au faciès blafard bat sa breloque.
Sous les coups de pieds, rit le paillasse baroque.
Pitre romain singeant l'hypocrite hellénique,
Evoque, l'ogre inspiré, le démon nordique.

   Joël Gissy 


lundi 15 juillet 2024

L'Arbre à papillons


 L’Arbre à papillons
 
Par cette canicule où s’abattent les eaux,
Au soir, quand s’apaisent les diurnes éléments,
Voletant autour des buddleias palpitants,
Les papillons roux semblent de petits oiseaux.
La vanessa, telle une Atlante évanescente,
Se pose en son parfum avant qu’il ne la sente.
L’eau et le feu se battent, flux vaporisants.

                             Joël Gissy 


Fleur d'été


Ecouter un poème estival de quand j'avais vingt ans :



Sépulcres
, Joël Gissy, 2006



Les Halieutiques de Delphes


Les Halieutiques de Delphes

Dans les couloirs d’un temple où les dauphins s’ébattent,
Qui donne sur la mer d’un bleu vésuvien
Pénétré par le ciel rose aux moiteurs timides
Qu’arrosent caverneux leurs rires qui éclatent,
Deux sirènes hybrides, montées du bassin,
S’enlaçant guident parmi ces canaux limpides
L’étranger que caresse un ballet chimérique.
Il s’abandonne au son de trompes et de conques,
Etranges, comme émanées d’invisibles jonques !
Et porté par ces flots en leur grotte aquatique,
Nageant tel un centaure, l’autre explorateur
Contemple des dieux philistins sous cette crique
Que balaie sa mémoire en un éveil trompeur.

                                    Joël Gissy 


samedi 13 juillet 2024

Vénus dans la constellation...

Poème extrait de mon recueil "Les Coquecigrues", 2017

Vénus dans la constellation de la Chèvre
Rentre à la bergerie d’une légende ancienne.
Dans l’aube traçant la rose pentagonale
Des splendeurs illuminées de sa lueur pâle,
Aphrodite Epitragia se mordant la lèvre,
Lilith, goule aux dents vampiriques, sumérienne,
Ravale encor le sang qui couvre son sein blanc
Comme une robe de nuit, le bouc chevauchant.

   Joël Gissy  



mardi 9 juillet 2024

Le Valet triface

  
Le Valet triface 

Et le cheval-poisson, retenu par la bride,
Ainsi qu'un papillon qui volette à mes yeux,
Semble un sphinx amical, une chimère hybride.
Le tubercule humain s'écrie, suspicieux :
Je secoue ma tête en cette inivresse au creux. 

   Joël Gissy



lundi 8 juillet 2024

Yaldabaoth confondu

 

Yaldabaoth confondu

Fondant le triple anneau, du Deus Perversus
Comme un lion reflétant au dessus de tous
La Sagesse en quatre, Adam vainc Yah-Baal par Seth.
Se tait la porte du phénicien daleth.
Tel un serpent mué, cette chair translucide,
Souffle spirituel, retourne à l’origine,
Lucide ouroboros de nature divine.
Le corps de Pan se reconstitue sur le vide.

                             Joël Gissy




dimanche 7 juillet 2024

L'Alpiniste

 



L’Alpiniste


Quand l’âme mise à vif est prise d’un vertige
Soudain, ce souffrant Amour sent battre son torse
Comme un coffre qui craque, harcelé par la force.
L’humain, précipité sur le pal qu’il s’érige,


A l’impression d’être un alpiniste écorché
Qui plante chaque ardillon du roc en son cœur,
Sur une falaise à pic au vide accroché
Afin de se hisser toujours vers la hauteur.

Alors, ivre d’espoir, son rythme s’accélère ;
Le sein se gonfle, enfle, explose, entre en soi, s’éclaire
Comme un brasier qui couve inexorablement ;
Sa cage thoracique ouvre ainsi que des ailes


D’une autre créature humble adorablement
Son enchevêtrement veineux de libellule,
Puis d’un essor chaste aux frissonnements frêles
S’élance à travers l’azur, s’envole et se brûle.


                                        Joël Gissy


Extrait du recueil Ouroboros, 2015



samedi 6 juillet 2024

Retour aux Sources


Extrait de mon recueil mon recueil 

Noctifer, Le porteur de nuit, 2014




Retour aux Sources

Tel un joyau sur un coussin de soie vert sombre
Qui lourdement s’enfonce et de dense valeur,
Elle a pied dans un ruisseau qui baigne dans l’ombre,
Et végète en un clos d’émeraude moiteur.

C’est une maisonnette au creux d’une clairière,
Modeste mais honnête, avec un petit pont,
Et puis une fontaine, et une haie derrière
Comme au pas d’un bosquet. Familière hutte au fond

De la brume incertaine et en retrait nichée,
L’ancêtre accroupie broute, singulière aînée
A l’écart de la route, ignorée par les siens,

Ainsi qu’un vieillard sur un banc qui sait l’histoire
Des saisons d’autrefois. C’est de là que je viens
Et que je ressource mon âme en son ciboire.

                                              Joël Gissy


lundi 1 juillet 2024

Les Yeux saphaniques

 



Le Sphinx apprivoisé


Le Sphinx apprivoisé

Sur le bureau, tout frissonnant
Comme une petite souris,
Goutte de miel et de lait,
Mon papillon de nuit aimait
Chopin. Car à peine tournant
La valse de l’adieu, surpris,
Le sphinx tête-de-mort, soudain
Se blottit derrière la chaîne.
Il y restait des soirs durant,
Avant de regagner sa place.
Le battement poursuit le train.
Oiseau de foudre, esprit-phalène,
S’effaça son envol fugace.

                      Joël Gissy