Poésie en musique à Richwiller, novembre 2018
Quelques poèmes :
Désir et
Musique
Les frissons
du désir, enfants de la musique,
Submergent un
esprit et s’enflent dans nos chairs
Comme un
orage empli de spasmes électriques.
La vague
énorme semble emporter par les airs
Le cœur que
transporte son élan pathétique,
Soudain
précipité en de lointains éthers.
Et dans un
océan de rayons prismatiques,
Il s’ébat,
quand frappé d’innombrables éclairs
Qui
s’abattent sur lui, foudre accusateur,
Leur éclat
le soustrait à cette apesanteur.
Alors, pareil
à l’oiseau transpercé d’un trait,
Fracassé
contre la berge en mille explosions,
Se débattant
parmi d’affreuses convulsions,
Son battement
se meurt ainsi qu’un menuet.
Ma rose fanée
Je conserve
en un vase ancien
Une rose
fanée. Le soir,
D’un baiser
sur son ostensoir,
Je respire en
l’admirant bien
De cette
momie parfumée
Les arômes
évaporés.
Comme des
cortèges fruités,
Dans ce
solfège où quelque fée
Revit et
reprend sa vigueur,
Des
guirlandes de souvenirs
Font remonter
un chant vainqueur
Où les
larmes des avenirs
Se mélangent
confusément
Aux froideurs
du dessèchement.
Emanation
Grince ses
vocalises des vanités mortes,
Le messager ténébreux à l’angle des portes.
Tel un valet de pique en un miroir, servile,
L’intrus bouscule le maître ; arachnéen, file.
La rose de Vénus a tissé son abîme,
Chevauchant le caprin de sa course anonyme.
La lumière, au volet, éclaire son angoisse
Au tâtonnement d’un sphinx dont l’aile se froisse.
Hermès dionysiaque, il bout, sage colère.
Le bouc de la caverne a sacrifié son frère,
Corps d’argile osirien reconstitué
Quand triomphe le souverain destitué,
Car le Faune nomade inverse son mystère.
Le messager ténébreux à l’angle des portes.
Tel un valet de pique en un miroir, servile,
L’intrus bouscule le maître ; arachnéen, file.
La rose de Vénus a tissé son abîme,
Chevauchant le caprin de sa course anonyme.
La lumière, au volet, éclaire son angoisse
Au tâtonnement d’un sphinx dont l’aile se froisse.
Hermès dionysiaque, il bout, sage colère.
Le bouc de la caverne a sacrifié son frère,
Corps d’argile osirien reconstitué
Quand triomphe le souverain destitué,
Car le Faune nomade inverse son mystère.
Introït
Septuple
hydre décomposée de Démosthène,
Chevauche le
Dragon, robe de sang, la Reine.
Triomphe, de
la nuit, la nymphe souveraine.
Sonne son
treizième coup, l'horloge d'ébène.
Se tait le
cavalier solitaire à la plume
Dont le
spectre croisé miroite dans la brume.
Les cendres
de la mer se mêlent à l'écume.
La Trompe
Quand le mage
sylvestre, en sa corne d’auroch
Vrombit en
infrabasse un chant immémorial,
Qui s’épand
au feuillage et vibre par le roc,
Craquent les
rhizomes du frêne primordial.
Le noisetier,
d’écureuils, frissonne en l’azur.
Le sanglier
lui sourit de son œil obscur,
Le chevreuil
le contemple. Et même les abeilles
S’amassent,
parfumées, embrassant ses oreilles.
Et les grives
lui parlent d’antiques légendes
Dont les
corbeaux familiers portent les offrandes.
Viennent à
lui les musaraignes et les lièvres.
Les papillons
de nuit se posent sur ses lèvres.
Récit d’un
voyageur
Sur l’à-pic
où soudain je m’étais égaré,
Par les
musiciens d’un air mystérieux
Parce qu’ils
savaient, de ma démence curieux,
Me voilà
vers l’ailleurs enfin réorienté.
Ils portaient
un vieux cymbalum, et parmi eux
Me fixa
l’ironie d’une étrange beauté.
En barque
cheminant au fond d’un terrain vague,
S’encastre
sous une dalle un ancien bassin.
Le guide sur
le pas nous salue d’une blague.
Et les êtres
gris au regard arachnéen
Dans la
pénombre en rampant tels des singes morts,
Dont il ne
fallait pas trop croire en l’existence,
S’empressaient
sur les eaux, sur les ponts, sur les bords.
Alors, en un
concert de grincements rouillés
Quand se leva
l’écluse d’une trappe immense,
Vers le monde
des dieux fûmes-nous emportés ?
Joël Gissy
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