Froncement
Sous la tente, seltsam,
Le druide solitaire
A su dire en se taire.
Silence à la frontière.
Sans justifier, tukdam.
Joël Gissy
Écouter le poème :
https://vm.tiktok.com/ZGJuYSQJb/
Froncement
Sous la tente, seltsam,
Le druide solitaire
A su dire en se taire.
Silence à la frontière.
Sans justifier, tukdam.
Joël Gissy
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Les Deux Fontaines
Dans un noble hôtel tout de marbre florentin,
J'avais rêvé d'un blason, puis d'un palais mien.
D'effroi me crispant à trois heures du matin,
Un spectre au bois de lit avait frappé soudain.
Près du départ, tambourinant, le lendemain,
Puis dans un froid silence, à la porte du coin,
Une silhouette en simarre dans un clin
De seconde a disparu, reculant, plus loin.
Joël Gissy
Le 27 avril 2023
Ogivette
Décomposant son secret mimétisme,
Un rayon de miel vacille en son prisme.
Diffracté par une larme de sève,
Là-bas, semble, incertain, trembler son rêve.
L'arc filtre à travers une feuille fine
Ainsi qu'une lame de serpentine.
Joël Gissy
Miroir concave
Quand le chamane songe ainsi qu'en un cercueil,
Rougeoie sa paupière éblouie par le soleil.
Comme un regard convexe enfermé dans son crâne,
S'irise, éclair imprimé, la face diaphane.
Du rêveur s'efface à l'érosion de l'éveil
La membrane racornie de son troisième oeil.
Joël Gissy
Retrouvailles oniriques
Ses petits yeux luisaient, argentés dans la nuit.
Nous avancions dans la sylve à pas silencieux,
Nous allongeant entre les bras d'un arbre creux.
Étreinte absolue, racines du fond des âges,
Sa chevelure m'enlaçait de ses branchages,
Quand, à l'aube, notre éternité s'endormit.
Joël Gissy
Transe fugace
Ouvre de grands yeux la divination brève
Comme un esprit bienveillant de Jóska Soós.
Ainsi qu'un angekok, s'éveille dans son rêve
Le chant rosé du coq où meurt Dionysos.
Joël Gissy
Conclusion
Attendre toute sa vie qu'elle se termine.
Où qu'on aille, c'est toujours soi-même qu'on traîne.
"Anywhere", avait crié l'âme exaspérée,
En son vaste hôpital sans espoir et sans haine.
Dans son propre reflet, la divine atterrée,
Son spectre ironique en filigrane devine.
Joël Gissy
18 avril 2023
Te rejoindre
Je suis un chevalier faé,
Egaré sur sa route, borgne.
Un hibou, Wotan ou Hérou,
Je suis la lueur de ton œil.
La trappe du druide est un trou.
Le papillon s'attrape et lorgne,
Butinant, sagesse, hébété,
Toujours, se cognant sur le seuil.
Joël Gissy
Nuit du 15 au 16 avril 2023
Les Marins alsaciens
Près d’un vieux chemin de fer désaffecté,
Abords d’une rive très peu connue du Rhin,
Rigolant avec leurs casquettes de marin,
Ils ont fini par m’accueillir, étrangeté,
Entre Strasbourg et Kehl, une chope à la main.
Le long des canaux, rouillent des bateaux anciens.
Derrière le rideau, des marins alsaciens.
Joël Gissy
La Tradition muette
Teutatès joint les astres aux terrestres gestes,
Microcosme et secrets des mouvements célestes.
Coudée royale et vitesse de la lumière
Chez les druides, et même avant, sont dans la pierre,
Jusqu’à nous et les mesures qu’en fit Colbert.
Tant de traditions transmises en un éclair,
Ainsi que l’Abrasax des Basilidiens
Jusqu’à l’ordre des Pauvres Chevaliers chrétiens,
Figurations et nombre du cycle solaire,
Et même de la précession de la Terre.
Joël Gissy
Songe en miniature
1.
Tu t'étais transformée, petite fée
A la chevelure toute emmêlée
Comme les fils de racines terreuses.
Tu m'as accueilli dans tes souches creuses.
J'aimais tant cette petite demeure,
Terrier où se réjouissait ta famille,
Les poches remplies de gros champignons
Dont les gonflaient d'odeurs les chapeaux ronds,
Dans les bosquets rêvés aux fleurs mouvantes
Semblant parfois des grenades béantes.
Ah ! me noyer sans fin dans tes yeux noirs
Luisant ainsi que de petits miroirs,
Tandis que nous nous effleurions la main.
Mais, à présent, bien loin, mon âme pleure.
Sont parties, étranges, les voix chantantes.
Quand j'ai parlé à ce jeune lutin
Fumant sa pipe avec un air malin,
Soudain, s'est fanée la petite fête,
Dans la seconde où j'ai tourné la tête.
2.
La Mère obscure
La Dormeuse anormale,
Au fin visage pâle,
Souvent, passait ses nuits,
Tous l'avaient raconté,
Penchée sur le bébé
Avec ses yeux rougis
Dans ses longs cheveux noirs,
A tousser. Tous les soirs,
On la voyait sortir
De sous son arbre creux,
Dans un soupir affreux ;
À l'ombre de son pas,
"Car ils ne viendront pas !",
Un vieux de m'avertir,
Et j'entends murmurer
Ses filles : me méfier
De ces buveurs de sang,
De la maudite enfant.
Joël Gissy
Ivresse architecturale
Dans la sérénité de l’Alhambre à Grenade,
Par les salles sculptées, lumineuse façade,
Comme une végétation minérale au mur.
Là-bas, pas un passant. Le silence était pur.
Et les dimensions s’enlacent, d’un derwich.
On dirait une conception du haschisch.
Joël Gissy
Aria pour Agathe
Dans mon cœur ténébreux, ta tendresse est gravée
Comme un discret sourire. Et dès que je te vis,
Tu me manquais déjà de quelques pas franchis.
Pourtant, luttant, je ne t’ai jamais embrassée.
J’avais trop peur -Et qui sait toi?- de la souffrance,
A cause de la si courte et longue distance.
Joël Gissy
Die Frage nichts
Unbegreiflich bleibt meine Seele.
Die Musik meiner Fehler bleibt.
Zusammen stehn. Die Nacht ist klar
Im Herzen die es reibt.
Mein Mut, ach ! steht unzumutbar.
Une die Lust wohl erlicht,
Wo die Wonne einfach spricht.
Joël Gissy