mardi 30 septembre 2025

Soirée d'artistes et spectacle à Illhaeusern

 


Grand merci à Floriane Heger pour l'organisation de cette soirée et la beauté de son spectacle.




La Panique de Cernunnos

Perpétuelle expansion du nœud fermé,
Complexe aux bois de Cernunnos entrelacé
En verte frange après les branchages moussus,
Le dragon se confond dans les chênes barbus.
Quand il vient à pas échassés sur ses sabots,
Au détour de la clairière, des marigots
D’un sentier de cerfs ; ou triomphant est juché
Assis en fleur pour la maîtresse du rucher
Son thyrse en caducée à ce serpent offert
Ainsi qu’un trône où Mélusine ouvre sa chair,
Naturel sauvage et sagesse en doux bourdon
Grand Tout bestial accouplé à sa conception !
Vaisseaux de la sylve aux brumes aérienne
Qui court de l’humus dans les noirceurs, souterraine,
Dont la conscience à l’homunculus est semblable
De l’humain par sa double nature insondable,
Il tremble, fœtus dénudé par l’existence
En soi enfouie de sa potentielle omniscience.


Les Halieutiques de Delphes

Dans les couloirs d’un temple où les dauphins s’ébattent,
Qui donne sur la mer d’un bleu vésuvien
Pénétré par le ciel rose aux moiteurs timides
Qu’arrosent caverneux leurs rires qui éclatent,
Deux sirènes hybrides, montées du bassin,
S’enlaçant guident parmi ces canaux limpides
L’étranger que caresse un ballet chimérique.
Il s’abandonne au son de trompes et de conques,
Etranges, comme émanées d’invisibles jonques !
Et porté par ces flots en leur grotte aquatique,
Nageant tel un centaure, l’autre explorateur
Contemple des dieux philistins sous cette crique
Que balaie sa mémoire en un éveil trompeur.


Inspiration d’Or

Le Monde s’organise en immense égrégore
Né des profondeurs de l’inconscient collectif.
Palingénésie mue d’un courant primitif,
La pulsation s’accroît toujours avant d’éclore.
L’existence, en réification théurgique
Peuplée de tulpas, prend forme, aura de musique
Dont l’onde s’alourdit, décantée en matière
Vibrante et condensée ainsi que la lumière.
Rayons ultraviolets d’un chant d’infrabasse,
D’autres dimensions bien plus évoluées
Rêvent, tel un démiurge en vivantes pensées
Et l’esprit dans soi-même infiniment trépasse
Où l’Unique évolue à travers les regards
Tentaculaires de chaque être en des hasards
Dont la coïncidence accroît la perfection
Au détail près de sa démultiplication.


Attendrissement

Je suis pareil à ces hippocampes d’Ilion,
Qui par milliers, amicaux, vont voir les plongeurs
Parmi l’espace scintillant des profondeurs,
Et meurent soudain à la première émotion !

Avant de remonter, triste nuée de corps,
Les petits équidés, mignons et pleins de grâce,
Font un ballet aquatique, et plus d’un embrasse
Du bout de sa trompe aimable, en ces beaux décors,

Le curieux qui les trouble, et l’aime et l’accompagne.
Alors, vers la lumière ondoyante il regagne,
Porté par l’écume oublieuse aux plages claires,

La vaste éternité dont à peine affleurait
Ces myriades de consciences élémentaires
Dont s’éteint en un souffle indistinct le secret.


La Fée verte du Bockloch

                                        Légende du Schlossberg

Il est près d’un village nommé Wildenstein
Un château en ruine au sommet d’une montagne
Rocheuse qu’environne une verte campagne.
Une légende –ce n’est pas celle de Daïn,

Ni celle d’Artus, mais d’une crête incertaine-
Raconte qu’au temps jadis, des seigneurs brigands,
Barbares sans pitié, pillards et arrogants,
Avaient élu demeure sur ce roc en peine.

Chasseurs invétérés, hommes durs et cruels,
Assassinant sans cesse et malmenant leurs serfs,
Ils aimaient avant tout la guerre et les duels
Et traquer jusqu’au fond des bois les nobles cerfs

Qui parfois se jetaient dans l’onde tourmentée
D’une chute immense qu’on dit toujours hantée
Par le fantôme vert d’un chevalier sauvage.
Ce fut une nuit sombre, avide de carnage,

Que le seigneur le plus brutal de ces bandits
Périt dans le tumulte avec son destrier,
En traquant un brocard par les gouffres maudits.
Les anciens savent encor que le meurtrier,

En poursuivant la bête noire aux yeux jaunâtres,
Jura plus d’une fois le saint jour de Noël
Avant de sombrer dans le courant éternel.
Depuis ce soir funeste, on tremble au coin des âtres

Aux parages de la sombre forêt damnée.
Il m’arrive d’aller dans cette ruine austère
Quand vient l’été frileux, au moment de l’année
Où la nature est calme ainsi qu’un cimetière,

Afin de surprendre le galop frénétique
Du cavalier qui erre en ces lieux désolés.
C’est une forêt troglodyte et pathétique
Qu’un murmure parmi les arbres boursouflés

Emplit d’une diffuse et troublante inquiétude,
Qui court sur votre nuque comme un baiser froid !
Sous une voûte intacte, un escalier étroit
Conduit à un petit pré par un sentier rude

Duquel j’aime contempler le val endormi.
Mais lors d’une nuit obscure aux ombres mouvantes,
Je fus frappé en mon sein, meurtri à demi,
Par l’inflexion aux langueurs évanescentes

D’une plainte hésitante, humble et surnaturelle,
Qu’une voix pleine de douce mélancolie
Egrenait au vitrail ardent d’une tourelle.
Alors je levai mon regard plein de folie

En direction de cette apparition spectrale
Que je devinais à la lueur vagabonde,
Et je fus saisi d’une froideur sépulcrale
Quand j’aperçus soudain une sylphide blonde

Qui se tenait livide à la fenêtre enclose.
L’étrange miniature était si frêle et pâle
Que le vent balançait sa chevelure éclose
A la trouble verdeur de ses beaux yeux d’opale ;

Et désespérément, la grêle prisonnière
Se penchait sur l’abîme, blême et implorante,
Comme si derrière elle la glauque lumière
De ses geôliers l’eût fait vaciller d’épouvante,

Esclave maltraitée par de lâches bourreaux,
De sa prison de verre étreignant les barreaux,
Ou telle une pensée qui s’incline et frémit
Aux tendres feux du soir qui frissonne et gémit

Quand vient le crépuscule en soupirs éclatants.
Emu, alors certain que mon heure sonnait,
J’escaladai la falaise jusqu’au sommet
Pour cueillir la fleur aux longs rais étincelants.

Je caressai la corolle à plat sur ma paume,
Juste entre deux doigts, puis brisai le fil d’arôme
Par où tenait la vie de cette créature,
Calice odorant sur un lit de pourriture.

Grelottante et blottie ainsi qu’un petit être,
Je sentis mourir au creux de mes mains ouvertes,
Et perdre le souffle en suintant des gouttes vertes,
La fée dont un instant j’avais été le maître.

Alors la voix se tut –j’avais rompu le charme-,
Et je crus que la rose versait une larme…
Sur le roc mystérieux où je savais entendre
Autrefois les sanglots d’un air tristement tendre

Ebruité par la fraîche rosée du couchant,
Je ne vois plus que ravage et destruction,
Or qu’en place de mélopée, le cri méchant
Et comme plein de glace du morne aquilon

Siffle un remords lugubre dans la nuit humide
Que la lune irise d’un éclat maléfique,
Tandis qu’au loin varie le jappement timide
Du perfide chat-pard et d’un chien famélique.

                                      Joël Gissy

lundi 25 août 2025

Fantaisie coréenne - La Ville des divins


La Ville des divins

                                 Fantaisie coréenne

Du bord des cieux, plein de pitié, Hwanung pleurait,
Ses larmes tombant sur la vie des créatures.
« Comment rendre leur sort plus juste et supportable ? »
Ainsi, le jeune dieu, meurtri, se lamentait
D’en haut de la dimension des surnatures
Que n’insinue parfois qu’une transe ineffable.
Hwawin par pitié pour son fils accepta.
L’engendré donna l’herbe dont la saveur pique.
Mais l’ours, avec douceur, si le tigre échoua,
Devint Ungneyo, la tendre et magnifique.
Là où le matin brille, immanente clarté,
Fut conçu Tangun, au pied de l’arbre sacré.

                                            Joël Gissy

samedi 23 août 2025

Les Gestes


Les Gestes
    
Puissance de l’incantation,
Tire un Tao de Terpsichore.
Hermétique réflexion,
Le Cosmos clos se minimise,
Prière innée de l’égrégore.
Par les associations savantes
De signes, de noms et de plantes,
De gemmes, qui se mesmérise,
L’écho des plans supérieurs
-La Connaissance a ses rancœurs.-
Est ajusté par sa méprise.

               Joël Gissy

 

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Les poèmes à écouter


Les Menhirs morts


Les Menhirs morts

Les monolithes déracinés
Sont des orphelins astronomiques.
Mais, points de repères hermétiques,
Songent les vieux rocs désaffectés.
Sur la crête sauvage embrumée,
Colère jamais accumulée,
Respire, feux anciens, la fumée
Le rêveur qui s'éveille au matin
Sur un lit parfumé de sapin.

                       Joël Gissy



vendredi 22 août 2025

Mélancolie scientifique


Mélancolie scientifique

Nostalgie héritée de Hofer l’Alsacien,
Des cités libres jeune et brillant médecin,
S’exprime en douleur, heimweh secret, le retour.
Parfois d’un passé plus lointain que la naissance
Ou de la seconde après un baiser d’amour.
De l’âme humaine éclaireur, douleur de l’absence.

                                                 Joël Gissy


Le Point de l’Aurore



Dans la plaie


Dans la plaie

Presque tous les mots sont de mauvais souvenirs,
Cicatrice rouverte aux couteaux des regrets.
Tous les lieux, tous les noms, les plus communs désirs
Saignent dans le langage à travers leurs secrets.
Rien de pire, est perdue l’amour d’éternité,
Atroce mélopée qui convulse en ma chair.
La Mémoire, plus sombre que l’obscurité,
Comme un démon déchirant, semble arracher l’air.

                                               Joël Gissy

samedi 16 août 2025

Poésie et Musique au Lazaret de Sète


Poésie et Musique au Lazaret de Sète, août 2025, avec Denis Carnevali.

Inspiration d’Or

Le Monde s’organise en immense égrégore
Né des profondeurs de l’inconscient collectif.
Palingénésie mue d’un courant primitif,
La pulsation s’accroît toujours avant d’éclore.
L’existence, en réification théurgique
Peuplée de tulpas, prend forme, aura de musique
Dont l’onde s’alourdit, décantée en matière
Vibrante et condensée ainsi que la lumière.
Rayons ultraviolets d’un chant d’infrabasse,
D’autres dimensions bien plus évoluées
Rêvent, tel un démiurge en vivantes pensées
Et l’esprit dans soi-même infiniment trépasse
Où l’Unique évolue à travers les regards
Tentaculaires de chaque être en des hasards
Dont la coïncidence accroît la perfection
Au détail près de sa démultiplication.




De grandine et tonitruis

Agobar, savant et sage, avait prévenu
Son Grand Empereur que le temps était venu.
Charlemagne ainsi connut le Peuple de l’air,
Anges intermédiaires d’un monde inconnu.
Voguant sur les nuages, leurs vaisseaux d’éclair
Dévastaient les champs de signes par leurs auras,
Qui font penser aux géoglyphes des Nazcas.
Son petit-fils... Les Ægyptiens, avaient tout vu.
Parfois, ils enlevaient des témoins de valeur,
Afin de nous expliquer leurs intentions.
On fit hisser des mâts pleins d’incantations
Afin de leur souhaiter naufrages et malheur.

                                  Joël Gissy



Retrouvez l'intégralié du programme dans mon prochain recueil

lundi 4 août 2025

Egarement féerique


Egarement féerique

En ces boyaux sans voûte aux pierres descellées,
Où par endroits lézardent d’étroits escaliers
Le long de murs brisés aux pans irréguliers,
Trompe-l’œil de portes en secret recelées,

Je sens, lorsque le soir ténébreux et voilé
Recouvre et dissimule ainsi qu’un noir suaire
Le sillon destructeur des climats, enlevé
Par un vent frais et fort, chevauchée séculaire,

Revivre dans mon sang qui palpite, un écho
D’idéal noble et pur des temps chevaleresques
Qu’en mon esprit des trompettes de Jéricho
Font sonner puissamment de leurs accords tudesques.

Dans la nuit silencieuse où flotte un brouillard lourd,
Une lueur, soudain, dans l’air humide et sourd
S’épand, troublante et mince, telle une ouverture.
Vers la sylve enchantée de gloire et d’aventure,

Je découvre un obscur et tortueux sentier.
-Entendez-vous au loin, chevaliers valeureux,
Qui hurle dans la brume au pas d’un frêne creux,
La sorcière des bois au groin de sanglier ?

Sa face brune halée par un terreau malsain
Se crispe en un rictus affable et pathétique
Pour vous inviter tous à sa fête lubrique :
« Venez, doux paladins, en mon frais souterrain

Qu’embroussaille un rideau chevelu de racines,
Goûter aux voluptés sauvages et divines
De mon corps décharné. »
                                           Le tumulte blanchâtre
Des chutes seulement retentit, or qu’un pâtre

Attardé sur la rive aux flots crépusculaires
De sa flûte âpre siffle une ancienne romance.
Un guerrier dormant àson roc recommence
Les mêmes tours sempiternels et solitaires.

Joël Gissy


Noctifer, Le porteur de nuit, BoD, 2014

samedi 26 juillet 2025

Scrupulus


Scrupulus

Le sacrifice arde au jour antépénultième,
Tel un soleil stagnant d’un reflet léonin.
Se scinde la sphère ainsi qu’en son cube un chrême
Déployé royalement dans une main,
Comme une rose en pentagone prismatique.
L’hypostase amplifie l’hypothèse des hontes,
Ecrasant la conscience en effort pathétique.
Bourdonne l’essaim mélodieux des Archontes,
Abaissant les couleurs de sa vibration
Jusqu’à la lourdeur de la réification.

                         Joël Gissy


Le Songe du Fou de pique


Le Songe du Fou de pique

Dans une forêt vert-luisante,
Court, gloussant, un petit ruisseau
Qui scintille, eau phosphorescente.
Mon rêve en son lit va d’îlot
En rocaille, intrusant un monde
Parallèle ainsi d’une porte
Féerique en charmille profonde.
Passée, sèche la maison morte,
Par des contrées en filigrane
Que mon exploration profane.

                      Joël Gissy






Le Chant des Sirènes


Le Chant des Sirènes


Epousent les naufragés des Mermaids delphiques,
Cunéiforme, les Danaïdes celtiques.
Les momies songent des pyramides guanches ;
L’alchimiste lit de sa pomme d’or les tranches.


                     Joël Gissy

                                                    Les Coquecigrues, BoD, 2017


vendredi 25 juillet 2025

La Mort physique


La Mort physique

J’habite quelquefois une morne masure
Bordée de hauts sapins au coin d’une clairière.
Tout près stagne un étang, ou est-ce une rivière ?
Aux berges embourbées. On pêche le silure.
Des monstres somnolents, au corps lisse et noirâtre,
Se meuvent avec lenteur tels de grands mollusques
Et en masse inquiétante, chimères étrusques,
Affleurent par milliers de ce marais saumâtre.
C’est un chalet bizarre à forme danubienne,
Avec une terrasse accueillante et rustique,
Une table de ferme, une horloge d’ébène,
Et puis une mansarde où le plancher s’élève
En un dédale obscur de mine fantastique
Où l’on accède à toutes les contrées du rêve.
Mais dans une remise, à l’entrée du grenier,
Parmi tout un fouillis suranné de brocante
Qu’éclaire un lampadaire du siècle dernier,
Inexplicablement, diffuse et émouvante,
Flotte ainsi qu’une ambiance une onde d’épouvante,
Semblable à celle que doit sentir un voleur
Un soir frileux qu’il cambriole sans pudeur
De vieilles personnes qui dorment à côté.
Ai-je dans mon sommeil, sans le vouloir peut-être,
Profané les secrets d’un temple d’Astarté ?
Existe-t-il ailleurs, en un monde onirique,
Des couloirs invisibles où l’esprit pénètre
Dans une atmosphère limpide et vampirique,
Et des dieux inquiétants clapotent dans la fange ?
Je ne sais pas quand m’est venu ce songe étrange,
Mais je suis convaincu que j’y retournerai,
Et sans doute n’en reviendrai-je plus. Qui sait ?

                                 Joël Gissy

Noctifer, Le porteur de nuit, BoD, 2014

Le Doppelgänger


Le Doppelgänger

Je me demande parfois si ce n’est pas moi
Le double maléfique, à la fois loin mais proche
D’un homme innocent, tel un spectre qui s’accroche.
Soudain, l’air devient de plus en plus sombre et froid.
Voici qu’éclatera la funeste rencontre
Comme un miroir où frappera sa tête contre,
Ou par le flux tapageur d’une rue passante
Une inconscientisable et soudaine épouvante.

                                Joël Gissy


Alchimie aurorale




Alchimie aurorale

La flamme violette, alcaline, éclot
Se mêlant à la verte ardeur du cuivre.
Double lueur dans le ciel mystique

D’un matin d’où revient l’humble bateau
De trois saintes, sur l’esquif, et survivre,
Comme une élévation renaît cyclique.

Dans les tièdes frissons de l’esseiro,
Balance au lointain le feu follet ivre
D’un bois empoisonné trop mimétique.

                              Joël Gissy


jeudi 24 juillet 2025

Les Métamorphoses du Phœnix


Les Métamorphoses du Phœnix

Sur les champs de Saturne, horizon phlégréen,
L’oisillon naît au nid, visitant de son bec
Ce vase ovoïdal, sous l’œil jupitérien
De l’Un-père où s’incarne en pensée l’âme impure.

Alors qu’en cœur déjà se dessine le Nec
Plus ultra d’une étreinte aux effusions caduques,
Obéissant à l’illusion de sa nature
Tel un nuage effervescent de noctiluques,

En vain, il s’hypnotise au miroir de Narcisse.
Puis retournant à la Terre en plongeon martial,
Ainsi qu’en les tréfonds d’un puits minéral,
Rectifiant son vol sans savoir qu’il s’unisse,

Enfin l’emporte la couronne de la gloire
Au grand Soleil pour l’hymen d’Hermès et Vénus.
Dans un bois fleuri aux nuits d’une lune noire,
Or que la douce licorne veille à ses lys

Comme un ciboire ancien où, renaissant pictus,
L’oiseau de paradis du Jugement Dernier,
Se conformant aux cycles des saisons d’Apis,
Emerge aux feux de son sépulcre, humanisé,

Le Titan primordial qui porte la clarté
De la Connaissance ultime au monde aveuglé,
Contemple en soi-même l’univers tout entier.
Car tandis que remonte de la mer la Bête,

Chevauchée par l’Hermaphrodite originel
Reflétant le silence insondable du ciel,
Le physeter qui semble d’un dragon l’arête,
Engloutit tel Jonas l’autre bout par la tête.

                                 Joël Gissy 

Les Révélations d'Awalhdouateden, BoD, 2015



Vitriol - Alchetron, The Free Social Encyclopedia

mardi 22 juillet 2025

Le Roi pétrifié






Le Roi pétrifié
 
Dumuzi le pêcheur descend vers les Enfers,
Aimant toujours à mort l’assassine Inanna.
Sur le trône obscur où l’échange mit aux fers
Ce successeur, il songe à Uruk Kullaba,
Nostalgie d’une étreinte trompée par la ruse.
Abondance émergée des profondeurs chthoniennes,
La coction décomposée, poussant, se refuse,
A l’air lumineux dragon tirant sur ses chaînes.

                              Joël Gissy


lundi 21 juillet 2025

La Fausse Rencontre


La Fausse Rencontre

Tel un invisible Gygès,
Je fuirai toujours en oblique,
Tournant l’anneau, valet de pique.
Par les dédales de l’Hadès,
Le double au monde s’entrelace.
D’un Livre pour sortir au jour,
Le gardien tournoyant s’efface,
Inconnu, Maître du détour.

               Joël Gissy



Ecouter le poème :






Bocca della Terrore


Bocca della Terrore

Entre une muraille où la nature a repris
Les droits de sa sauvage extase vénérée,
S'ouvre l'antre égaré des sylvestres esprits,
Temple inconnu d'un sous-bois étrusque. Oubliée,
De la matrice ignée d'une caverne antique,
Ressurgit une immémoriale panique.
En montant par les marches dévorées de lierre,
Par la bouche écartelée d'un masque tragique,
On aperçoit un petit autel de pierre.

                            Joël Gissy


dimanche 20 juillet 2025

Botanique humanoïde


Botanique humanoïde

Sur un chantier abandonné depuis longtemps,
Ourle la tanaisie, jaunissante dans l’aube.
Tombeaux herbeux séchés, et puis de la ciguë,
Nachtschatten des mandragores aux mors aiguë,
Bézoard d’un homunculus cuit par les ans.
Tranchant comme un fouillis ébouriffé de jaube,
Grappes solanacées du Diable où des os
Inconnus, se refrit des chiens errants la daube,
Moisson délétère héritée de Déméter.
Le matin répand son odeur de pain dans l’air.
Maison somptueuse aux Jnoun parmi les pavots,
Ainsi qu’une sale rumeur qui s’enfuit,
Rampent par les gravats les ombres de la nuit.

                                    Joël Gissy



Ecouter le poème :





mercredi 9 juillet 2025

De grandine et tonitruis


De grandine et tonitruis

Agobar, savant et sage, avait prévenu
Son Grand Empereur que le temps était venu.
Charlemagne ainsi connut le Peuple de l’air,
Anges intermédiaires d’un monde inconnu.
Voguant sur les nuages, leurs vaisseaux d’éclair
Dévastaient les champs de signes par leurs auras,
Qui font penser aux géoglyphes des Nazcas.
Son petit-fils... Les Ægyptiens, avaient tout vu.
Parfois, ils enlevaient des témoins de valeur,
Afin de nous expliquer leurs intentions.
On fit hisser des mâts pleins d’incantations
Afin de leur souhaiter naufrages et malheur.

                                 Joël Gissy


L’Analepse des Songes




L’Analepse des Songes

Lorsque les nôtres nous oublient,
Que les liens se ramifient,
L’âme s’incarne, aux fers retors !
L’esprit sans amour nie son corps.
Entre des dimensions futures,
Les souvenirs se font matures.

Par ce plan matérialisés,
Comme dans l’autre, affinités,
Se tissent les enfers en nous,
Sans récompense ni courroux,
Constellations magnétiques
Aux accouplements mimétiques.

                    Joël Gissy


La Viande jetée


La Viande jetée

J’avais quatorze ans, en Charente-Maritime.
Mais ils m’avaient jeté des morceaux de cadavre
Trouvés dans des sacs de déchets dans la forêt.
Le Marseillais riait avec son regard blet,
Affreux, épouvantable, innocent, trop intime.
Et son père était catcheur. Inspirant le poivre
Insupportable, un cerf fondu, rien de pareil.
Analepse alanguie, d’un malaise vermeil.

                      Joël Gissy


samedi 28 juin 2025

Réflexion


Sénilité

A force de se castrer de raison,
Le bon sens est devenu l’exception.
Il pleut dans les cerveaux essorillés
Dont les plus naturelles voluptés
De la bienveillance ont la veisalgie,
Suicide lent de la Philosophie.

                     Joël Gissy



L'Ancien Perturbateur


L’Ancien Perturbateur

Près du fleuve de la Forêt sans nom,
Demeure, insatiable, un Grand Rākshasa.
Triple Kronos dantesque au dernier Livre,
Ou Moloch à la panse ardant de cuivre,
Aux crocs dévorateurs, du Gohonzon
De Nichiren. Passant la Yamuna,
La Reine des Enfants démons surveille
Ses filles, et sa corne d’abondance
Déborde en l’obscurité qui sommeille
Quand dans la lumière Shiva danse.

                            Joël Gissy



vendredi 27 juin 2025

La Croix des Solstices


La Croix des Solstices

D’un saint clair fils d’Orphée, hiérophante égyptien,
Tel l’éclat solsticial par la fente au matin,
Entre ces colonnes, flamboyant berger,
Renaît Dionysos, le cornu étranger.
Les pauvres chevaliers montent un seul cheval
Quand pointe à l’orient le museau du chacal.
Du Phœnix crucifié l’ultime descendant
Ceint son flanc poussiéreux des boucles du serpent.

                                   Joël Gissy







mercredi 25 juin 2025

Inspiration d’Or


Inspiration d’Or

Le Monde s’organise en immense égrégore
Né des profondeurs de l’inconscient collectif.
Palingénésie mue d’un courant primitif,
La pulsation s’accroît toujours avant d’éclore.
L’existence, en réification théurgique
Peuplée de tulpas, prend forme, aura de musique
Dont l’onde s’alourdit, décantée en matière
Vibrante et condensée ainsi que la lumière.
Rayons ultraviolets d’un chant d’infrabasse,
D’autres dimensions bien plus évoluées
Rêvent, tel un démiurge en vivantes pensées
Et l’esprit dans soi-même infiniment trépasse
Où l’Unique évolue à travers les regards
Tentaculaires de chaque être en des hasards
Dont la coïncidence accroît la perfection
Au détail près de sa démultiplication.

                          Joël Gissy


lundi 23 juin 2025


 Ecouter les nouveaux poèmes



L’Horizon d’Astarté


L’Horizon d’Astarté

Vénus en conjonction trace une étoile ardente.
Ishtar, pointant de la nuit bleutée s’oriente,
Au crépuscule rougissant phosphorescente.

Des ténèbres d’or d’une ogive inachevée,
Se dissipe, hermétisme d’une arche ignorée,
D’un sanctuaire la caverne illuminée.

Là-bas, flamboie la rose en astre inaccessible,
Reflet d’un dodécaèdre inversant sa cible
Concentrée aux confins de l’Univers sensible.

                                 Joël Gissy


Exploration sumérienne


Exploration sumérienne

Le long des murailles briquées du labyrinthe,
Coulissent en brouillant les plans comme des lames
Les akhkarus, d’un rictus mâtiné de crainte.
Ainsi que des vampires aspirant les âmes,
Ces dimmekhabs assoiffés, haussant les épaules,
S’humanisent, abrutis dangereusement.
La bande infâme ironise d’un claquement
De langue en démurant les autres de leurs geôles.
Glapissant, les yeux injectés, la foule obscène,
Se déboîtant, boitille et lentement se traîne,
Cependant que la Ravisseuse aux longues dents
Ruisselle, au sein de lait, de ses sanglots sanglants.

                                        Joël Gissy

                  

mardi 17 juin 2025

L'Image des yeux fermés


L'Image des yeux fermés

Claire énigme, arde un Codex Sinaiticus.
Le vent mord le secret de la pierre qui vire,
Menhir horizontal d'un druidique empire.
Verdoie au loin la lionne innée de Sirius.
Trigonométrie de labyrinthes tombeaux,
Se mêle l'outre-noir d'éblouissements nouveaux.

                                     Joël Gissy


lundi 16 juin 2025

Léoglyphe


Léoglyphe

Le gamma primitif aux croisées des chemins
Trace de la génération la transmission.
Atavisme des bras aux jambes en fusion
Du guerrier contre une contraire illusion.
S’enrichit la fortune aux blasphèmes anciens.
Les âmes ramifiées en trois, sept, neuf et dix
Explorent l’expérience ainsi qu’un phœnix
De l’universelle conscience arborisés.
S’ouvrent des souffrants les translucides écrins.
Calcédoine âcre au parfum botryoïdale.
Sables s’incrustant dans la glande pinéale,
Grappes de cristaux craquelant violacés.
Comme un sang pétrifié, raisins sumériens.
Bastet se roule ainsi qu’un lion qui se love.
Prends garde aux voluptés griffues de la Déesse.
La nuit murmure en frissonnant sur la mangrove.
Respire à fond la volcanique prophétesse.

Joël Gissy

mardi 27 mai 2025

Alter ego

Alter ego

Quand l’esprit contemplatif de l’homme allongé
Sur un horizon d’airain doucement lévite
Dans l’espace intérieur de son aura plongé,
Il éveille en son corps, cependant qu’il médite,

Un démiurge embrasé dont le verbe inconscient
Bâtit des prismes d’or et d’immenses cités.
Reflété par les flots, ce sombre Léviathan,
Tel un génie serein déployant ses clartés,

Lui parle étrangement de sa voix d’hélium.
Et ingurgité par cet entonnoir béant
Ainsi qu’en une extase emplie d’un noir d’opium,
L’assoiffé d’infini se noie dans le néant.

Joël Gissy

Extrait du recueil Ouroboros

lundi 26 mai 2025

Le Poëme de la Femme et les recueils, vidéos...


Le Poëme de la Femme

Ne sois pas trop sincère, innocente adorée ;
Réprime ta froideur lorsque tu te souviens.
Car je sais les douleurs de ta chair mortifiée
Qui hantent son sein jeune ainsi que les airains.

La langueur est un fard aux chastes demoiselles ;
La candeur fait la beauté de la femme mûre,
Quand ce doux nonchaloir s’enfuit à tire d’ailes
Sur le désespoir de ta nocturne figure.

Oui, c’est dans la fusion mystérieuse et soudaine
Des deux types opposés d’un soupir nuptial
Que luit tel un flambeau de pureté sereine
La matérialisation de mon idéal.

                             Joël Gissy
  
                                                Ouroboros, BoD, 2015



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