mardi 30 décembre 2025
Les Mains prises
Les Mains prises
Mercure hermaphrodite en sa main vénusienne
Porte un calice où, dessous son aile étoilée,
Se tordent des dragons, tel un triple serpent.
Au plumage d’or, la moitié du roi souffrant
Tient un ouroboros en spirale égyptienne.
Mise en abyme enluminée d’un caducée,
L’hybride empourpré reflète le firmament.
A ses pieds, confondu dans la nature, tient
Le basilic vert, lui offrant, le parchemin.
Alors comment saisir le souris de comptine.
Retombent les fruits mûrs en semence divine.
Joël Gissy
lundi 29 décembre 2025
Dans la tête
Dans la tête
Je vous briserai l’humérus et les fémurs
D’un geste indifférent de télékinésie,
Dans un accès immodéré de priapisme.
Par le calme hurlement de ma goétie,
Raisonnable, se débattra contre les murs
Le long discours de la civilisation.
De la plus pure authenticité, le charisme
Remettra les raisons en place par l’action.
Ou, tel un mandrill écartelé sur le sol,
Te démantibuleras-tu, pauvre guignol ?
Joël Gissy
L’Atavisme réveillé
L’Atavisme réveillé
1.
Le loup
Dans la taïga brumeuse, rode un loup sinistre,
Semblant boitiller dans son pelage de bistre.
Elancé, le canis dirus cherche une proie.
Au loin, la meute affamée hurle, grogne, aboie,
De ses mâchoires écumant aux pluies de fonte.
Le mammouth laineux s’affaisse, est-ce un mastodonte ?
Errant par les marais glacés de Sibérie,
A pas échassés, croît sa généalogie.
Un œil glauque observe encor le gardeur de rennes,
Terreur ancestrale aux instincts d’ombres malsaines.
2.
L’homme
Mais à présent, imaginons
Un humain dans ces conditions.
Quelle magnifique innocence
Que cette bête libérée !
Ce que serait la conscience
A la source vive abreuvée.
Joël Gissy
dimanche 28 décembre 2025
Métempsycose animale
Métempsycose animale
D’Inde, la mangouste parlante,
Gef, paraissait intelligente.
Et, pour se moquer du fermier,
Erudit mais désargenté,
Le comparant aux personnages
De Dickens en nombreux langages.
Fantôme incarné en rongeur,
Ne tuant jamais les souris,
-Il avait le meurtre en horreur.-
Chassait les lapins étourdis,
Agrippant ses petites pattes.
Un peu comme Sredni Vashtar,
Friand d’offrandes écarlates,
Egorgeant la cousine affreuse,
Créature majestueuse.
Flotte comme un air de sitar.
Joël Gissy
La Règle d’airain
La Règle d’airain
Les illustres explorateurs de l’inconscient
Sont pareils, dans leur connaissance, au duc de Zhou.
S’éveille au rêve en biais, lucidité d’un fou,
L’humain, comme exilé d’un monde plus vivant.
L’autre explore un ruisseau, des forêts féeriques
Aux lumineuses fleurs et des maisons bizarres,
Des arabesques d’or et d’immense portiques,
Et le familier se superpose à l’étrange.
Mais un gardien menaçant, soudain, le dérange,
Tel un Maître des Portes, en des instants rares,
Au détour dallé du labyrinthe anguleux
Où, sur sa face en origami cartonneux
De valet de carte, un déluge éternel pleut
Ainsi l’orage latent d’une Maison Dieu.
Dimensions à étages horizontales,
L’âme voyage aux limites subliminales
Comme en un jeu de go cubique et gigantesque
Que traverse son imagination dantesque.
Le vagabond s’émeut, coulissant, qui s’imbrique,
Par les couloirs d’un casse-tête stratégique.
Joël Gissy
samedi 27 décembre 2025
A l’orient
A l'orient
Chaque humain possède un petit soleil en lui.
Le cœur emprisonné dans la cage ossifiée,
Naissance, exaltée de l'âme purifiée,
Périple infini des Portes vers l'Amenti,
Par un choix difficile, advient, régénérée.
Dans la statue divine ainsi que l'ouchebti,
Le voyage revient à soi s'il est fini.
Joël Gissy
Aistêtikos
Aistêtikos
Même l’athamé n’est plus un espoir,
Sacrifice aux esprits d’abdication.
Car l’âme égarée erre dans le noir.
A quoi bon vouloir tuer la passion,
Déchirant le voile de l’illusion ?
L’ironie se moque en vain de savoir.
L’échappatoire écrase la cloison,
Se heurtant face à soi-même en miroir.
Reste l’essor de la contemplation
Dans le néant d’un parfait abandon.
Joël Gissy
Le Suceur de chair
Le Suceur de chair
Aux taches du soleil mêlé, tel un frisson,
Ecailleux mimétisme tapi, se confond,
Dormant en secret dans l’ombre, un pelacara.
Invisible en perspective superposée,
Stridule à sec la créature camouflée.
A la lisière où commence la selva,
Attend, brillant de l’intérieur, le pishtaco.
Le rôdeur glissant de la nuit cherche une peau.
Patiente, inerte, à peine à l’écart du village,
Croquemitaine andin, l’arracheur de visage.
Joël Gissy
Les Primordiaux
Les Primordiaux
Vexos vainquit Ubharat sans combat,
Par lassitude et découragement.
L’ennui terrassa tout changement.
La procrastination qui retomba
Toujours dans le cœur des humains, avant
Même leur existence, mit à plat
Le souffle embrumé des esprits du feu,
Pourtant éternellement pur et bleu.
Les sept Anciens ont dominé la Terre
D’Hyperborée en Mésopotamie,
De Mu jusqu’à l’antarctique frontière.
Les goules de Lilith, par boulimie,
Au contraire, ont attisé le désir
Sous l’asthme, ardemment, du Grand Pazuzu,
Criquets à visage en mirage flou,
Traîtres hyksôs incarnés jusqu’à Tyr.
Joël Gissy
mercredi 24 décembre 2025
La Réponse acceptée
La Réponse acceptée
Le Cosmos influence inexorablement,
Comme un inextricable et fidèle moulage,
Ses formes en manifestations du vivant.
Toile hermétique au marionnettiste invisible,
Pointilleux et précis d’un nornique présage,
Simplifié, mimétique, en zodiaque sensible,
Allégorie baroque, s’accomplit le mythe
Jusqu’au moindre détail. Mais, en écho, le rite
Manifeste en gestes exacts son opéra.
Les cristaux scintillants de la nuit chthonienne
Imitent une voûté étoilée souterraine.
Car ce que tu désires te désirera.
Joël Gissy
Le Soleil furtif
Le Soleil furtif
De la naissance ailleurs ouvrant les voies secrètes,
Le canin bipède s’avance en éclaireur.
L’harmonie consacra longtemps de Sed les fêtes,
Entre terre et ciel miroitant équateur.
Oupouaout a chassé, clair sosie d’Anubis,
L’Agresseur et les poissons de Lycopolis.
Avec un pagne court, passe entre les piliers
Le souverain traversant les métamorphoses.
Sur le front de la Mère aux cornes en quartiers,
S’aligne le firmament constellé de roses.
Joël Gissy
Le Vœu d’Ishtar
Le Vœu d’Ishtar
Le lion vert dévore le soleil caché.
Tel un bouc de sinople, danse avec la lune
Vénus Epitragia dans sa conjonction.
Se reproduit, occulté, l’autre orbe éclipsé
Comme un alignement cranté traçant sa rune,
Etoile bien plus grande au cycle où, réaction,
Se confondent, réunies, douceur et beauté.
Quand vient Séléné noire, obscurcissant chacune,
Se réalise enfin le retour du dragon.
Joël Gissy
mardi 23 décembre 2025
Le Pas de l'Ankh
Le Pas de l’Ankh
Liant le papyrus, ankh pour la longue marche,
Ouroboros entourant l’Océan de l’Arche,
Ainsi que sur une île aux joyeux anthophages,
Isis offre le doux lotus du réconfort
Dont flotte l’amnésie comme un nuage bleu.
S’ouvrent au possédé d’Osiris, paysages
Où profitent des immortels à la chair d’or,
Les splendeurs au-delà d’un périlleux dédale.
De la vie perpétuée, serpente le nœud
Pas à pas découvrant une nouvelle salle
Sous la boucle se refermant de sa sandale.
Joël Gissy
Caractère
Caractère
Humanoïde à tête de thon menaçant,
Se retourne à demi l’adipeux, l’air narquois.
Cauchemar d’Innsmouth, avec un rictus grinçant,
L’hypocrite esquisse un sourire de guingois.
Car le sauvage n’est pas toujours sans malice,
Qui geint avec un clin d’œil faussement complice.
Joël Gissy
lundi 22 décembre 2025
La Gestation de l'Athanor
La Gestation de l’Athanor
Une naissance est comme un taureau d’Agrigente
Dont siffle un meuglement vaporeux d’épouvante.
Ce saint Laurent plaqué ne peut de retourner,
Semblant, les mains contre la vitre, un prisonnier
Ainsi qu’en un catafalque d’aliénation
Ou la psyché, dans son bocal, d’un papillon.
Mais le fantôme, d’un hurlement inaudible,
Lance un appel pathétique au monde insensible.
Joël Gissy
Rotation mégalithique
Rotation mégalithique
La spire d’or des temps structure en chaque aspect
La cristallisation des réalités.
L’écho céleste de Teutatès, en reflet,
S’incurve au mont de Belch, solstices opposés.
Mise en abyme d’un firmament hermétique,
Se reproduit en soi le cycle druidique.
Intersection, les lunes du lièvre et du loup
Forment une croix encerclée par cette roue
Dont un petit sphinx couronné bat de la houe,
Girant, globe en géode à la source d’un trou.
Joël Gissy
Zoologie
Zoologie
Au lieu de jouer de la harpe,
Les contemporains abrutis
De leurs moteurs enflent les bruits.
Plus gracieuse, se tait la carpe.
Comme le paon tout irisé,
Ange des couleurs yézidiques,
Pourquoi ne pas, électrisé,
Briller de spectacles magiques
Plutôt qu’éblouir la nature
Avec l’orgueil d’un coq hurlant
Sur un monceau de pourriture.
Coprophage, se mord l’enfant
De l’involution moderne
Dont l’orgueil pavoise, innocente,
Cynique à la langue pendante,
Tel un linceul qui tombe en berne.
Joël Gissy
dimanche 21 décembre 2025
Wiahnachta
Wiahnachta
(Noël en alsacien)
Dans la blanche froidure
Aux monstres à fourrure,
Douze nuits enfumées
Par les herbes sacrées,
Se reproduit la ronde
Constellée sur le Monde,
Année en miniature.
Aux lueurs vacillantes,
Montent les voix chantantes
Des rituels anciens
Dans les sombres sapins.
Cyclique, se devine
Le temps qui se dessine,
Image du Cosmos,
Reflet de Bélénos.
Joël Gissy
samedi 20 décembre 2025
Révulsion introspective
Révulsion introspective
Kukulkan des antiques cités de Sobek,
L’onirique oiseau-serpent fouille de son bec
Le ventre ouvert, déesse savante et fertile.
Mais, cauchemar maternel d’un ptérodactyle,
Le Trône porte pourtant son enfant rapace
S’envolant vers le soleil frontal qui s’efface.
Sacrifice ovipare, éclot un œil ternaire
Dont la conscience infinie se mire en la sphère.
Joël Gissy
Umbrarum Tumulus
Umbrarum Tumulus
La porte de fer enfin refermer
Du caveau d’enfer sépulcral à clef.
La fleur ténébreuse admet les épines
Dont s’entrelacent au cœur les racines,
Ainsi qu'une caresse vampirique
Déchirant un sarcophage organique.
A jamais, se tait le vacarme humain,
Où s’ouvre un labyrinthe souterrain,
Pour la nuit d’un murmure souverain.
Joël Gissy
Les Messagers innocents
Les Messagers innocents
Des décombres du séisme ayant révélé
D’une université le sous-sol effondré,
Dans l’air poussiéreux, remonte un petit garçon.
A voix d’homme parlant d’une antique façon,
Au creux de ses mains, tout désolé, l’enfant tient
Comme un trésor les débris d’un vieux parchemin.
« Je me souviens, hélas, du terrible incendie
De notre bibliothèque d’Alexandrie.
Le disciple de Pythagore était si triste !
Je suis son messager. » Car d’Hermès Trismégiste
Remonte le chthonien mystère au firmament
Ainsi que l’énergie d’un secret talisman.
Joël Gissy
vendredi 19 décembre 2025
Nouvelle vidéo de Rola. Poème Phytonologie.
Nouvelle improvisation picturale de Rola sur mon poème Phytonologie :
lundi 15 décembre 2025
Deux haïkus
La nuit tait son âme
l’horizon pourtant meurtrière
le double n’y croit
Toujours fait semblant
si jamais dit vrai le vent
chrysalide creuse
Joël Gissy
Les Epices de la Physique
Les Epices de la Physique
Origine de la matière
En l’inconscient des profondeurs,
Se ramifie dans le possible
La diffraction de la lumière.
Presque où, huileux malgré les heurts,
L’Océan primordial, paisible,
Songe en sphère qui se complique,
La décantation s’alourdit,
Château pétrifié rendormi
Où file une étoffe onirique.
Joël Gissy
Conscience fugitive
Conscience fugitive
Le rêveur, vers un ciel inversé,
Éveillé, plonge dans le bleu stygien.
De l’aède aveugle, l’azur d’airain
Se teinte, à sa perception transmuté.
En dehors de notre réalité,
Coulisse par delà le spectre humain
Un témoin entre les plans effacé.
Joël Gissy
Heureusement
Heureusement
Primitif débile ou dégénéré,
Notre époque hésite entre les extrêmes.
Vive le progrès ! La modernité
Dissèque ou dévore, au choix, sans pitié.
Haine de soi, se détestent les mêmes.
Le bouffon terni s'est désenchanté.
Joël Gissy
dimanche 14 décembre 2025
La Clef de l’Autre
La Clef de l’Autre
De la sincérité fidèle attente,
La pierre, sous les mains, reste muette.
Amnésique, l’oubli du hiérophante,
Solennel, tait la formule savante,
Contemplant, ciel d’une chambre secrète,
L’arc des Bergers d’Arcadie par la fente.
Mais alentour de sa femme volette,
Qui sait voir sans savoir, indifférente,
Comme une flamme étincelant, violette.
L’initié par soi s’avance, sceptique,
Vers l’irréel et lumineux portique.
Joël Gissy
Bonne volonté
Bonne volonté
Le patient espoir, ancre vers le fond tirant,
Pareil au martyre englouti de saint Clément,
Tourbillonne, illusion d’un mirage blanc
Engourdi par les ténèbres en écumant.
Et cet Amour ailé sombre, se débattant,
Se croyant guidé par un diable débutant.
La chaîne oscille vers l’abîme, cependant
Que l’équipage innocent sourit bêtement.
Joël Gissy
samedi 13 décembre 2025
Alchimie néolithique
Alchimie néolithique
Elu sacrifié, le druide volontaire
Voyage a travers le rêve de la tourbière,
Vers les profondeurs où se fixe la lumière.
Décante, orangé, l’éblouissement derrière
L’écran révélateur battant de la paupière,
Stroboscope abaissant la pulsation de vie.
Par strates, se précise en la photographie
Du plongeon continuant l’âme approfondie,
Gravure au livre amuï de son allégorie,
Telle en cercles d’eau de la palingénésie.
Joël Gissy
vendredi 12 décembre 2025
Indiscrétion
Indiscrétion
Quand on regarde, il faut s’attendre à voir des choses.
Confiance angoissée, laisse les portes closes.
Mais, dans un grincement, si s’ouvre le placard,
Le profanateur souffre à rebours d’un regard,
Contemplation d’un spectacle catastrophique,
Par ses révélations plus décevant et cru
Qu’un vieux pervers entrouvrant son manteau, nu.
Mais, obséquieuse, une présence énigmatique
Referme le cercueil, couloir labyrinthique.
Joël Gissy
Le Papion cynocéphale
Le Papion cynocéphale
Le babouin coiffé de son némès organique
Semble un scribe au flegme sage et contemplatif.
Sous une charmille en moudhif prédynastique,
Médite, archétypal ainsi qu’un hologramme,
L’avatar calme au regard faussement plaintif.
Mais son croc pourfend, acéré comme une lame
Ou l’ivoire éclatant d’un précieux calame.
Couvert de ses bijoux, le singe semble un masque
Funéraire irisé par le sable en bourrasque.
Joël Gissy
Le Filigrane des Temps
Le Filigrane des Temps
L’entrelac des racines craque,
Vaporeuse forêt rauraque.
Mon pas brumeux qui se souvient
De Dan à Seanon, chemin
Des ménestrels et d’Arioviste,
Remonte l’ancienne piste.
Loin, s'en va la route romaine,
De Vogesus par le domaine.
Joël Gissy
Le Pain du Serpent
Le Pain du Serpent
Sous la miche où se love une vipère ophite,
Striée d’une démultiplication cruciale,
A la croisée des chemins, une cathédrale
Végétale ouvre son ogive troglodyte.
Vestige écorporé d’un ancien sacrifice,
Le volatile au noir plumage sur la branche
D’un double arbre mort surveille un brumeux dimanche
Comme un vieil Amish au regard sans malice.
Au pied du chêne enchaînés, l’homme et sa femelle
Levant leurs fronts aux cornes naissantes compriment
Le troisième œil atrophié, lobe occipital,
Dans le brouillard obscur de sa sombre prunelle.
Là-bas, d’arums aux lourdes vapeurs qui s’animent
Circulent les longs soupirs d’un courant glacial.
Joël Gissy
Les Révélations d'Awalhdouateden, BoD, 2015
jeudi 11 décembre 2025
L’Orgie mythique
L’Orgie mythique
Banquet de Tantale, immolant son propre sang,
Immonde ripaille aux convives surhumains,
On dévora la chair sacrifiée de l’enfant
Lors du plus tentateur et divin et festins.
Le papillon flamboie au sein du coryphée.
Le cheveu dont pendait l’épée radiesthésique
Au-dessus de la fontanelle couronnée
De Damoclès, afin d’accroître la panique
De son plaisir, nivelle un plan philosophique,
Vampirise son corps l’espérance fatale,
Seul invité mortel de cette bacchanale.
Joël Gissy
mercredi 10 décembre 2025
Nostalgie originelle
Nostalgie originelle
À contre-cœur, de retour à son âge,
Comme un revenant dans un sarcophage,
L'âme se couche en craquant dans son corps.
Prisonnier, tel un papillon, des sorts
Englué dans la toile de la matière,
Se débat l'acharné vers la lumière.
Joël Gissy
À contre-cœur, de retour à son âge,
Comme un revenant dans un sarcophage,
L'âme se couche en craquant dans son corps.
Prisonnier, tel un papillon, des sorts
Englué dans la toile de la matière,
Se débat l'acharné vers la lumière.
Joël Gissy
Les Sylphes aquatiques
Les Sylphes aquatiques
Le petit garçon bleu diaphane
Chevauchant une carpe rouge
Traverse un nuage où, membrane,
S’ouvre le ciel. Mais Shu ne bouge.
Des hauteurs, la mer de vapeur
Semble s’animer de fureur.
Et l’enfant se fond dans les eaux
Sous le mont Tiantai en réseaux.
Joël Gissy
mardi 9 décembre 2025
La Forêt nocturne
La Forêt nocturne
Fleurs musicales aux mille odeurs colorées,
Tintent les clochettes en la sylve onirique,
De neigeux pollens étincelant saupoudrées.
Charmille d’un arbuste, au creux d’un feu-follet,
Joue un jeu magique un petit être violet.
Le rêveur avance en un ruisseau féerique
Sur la tendre clairière de mousse et d’épines
Comme une chambre intime embaumée de résines.
Joël Gissy
samedi 6 décembre 2025
Rosa nigra
Rosa nigra
Amour tragique où Vénus chevauche, caprin,
Le visage ombrageux du bouc sacrificiel.
Parfum du sombre opium décharné d’un miel
Prédateur et irrésistiblement malsain.
Naturalisant, obscure géométrie,
Où palpite le cœur ardent de l’anarchie.
Offrande à la fille éperdue claquant la porte,
Pour se perdre dans une étreinte déjà morte.
Joël Gissy
La Becquée
La Becquée
Surpris dans son rapt, un dragon
A fossilisé sa chimère,
Pétrifié par le lac Natron.
Formidable monstre gothique,
La gargouille enlisée panique
En dynamique statuaire.
Ondulent les algues bleutées,
Tentations évaporées
Pour les fantastiques festins,
Comme figés, des flamants nains.
Joël Gissy
vendredi 5 décembre 2025
Mûrir
Mûrir
Le refus bienveillant de la tranquillité
Pour son inverse, insidieusement, a troqué :
Le massacre avec la plus grande cruauté.
Berserker furieux tournoyant enchaîné,
En dents de morse de ce factice échiquier
Renverser le décor, spectacle d’un brasier.
Joël Gissy
Précaution affectueuse
Précaution affectueuse
Devenant un guerrier sateré-mawé,
L’enfant plonge sa main dans les gants aux fourmis,
Vierge de fer se refermant, dards de fusils.
Puis, à chaque fois, encor, l’acide a giclé,
Pire qu’une morsure à ses muscles transis.
Le jeune homme du mal ancien est protégé.
Car l’Arracheur de visage erre par les plis,
Dans les murmures verts, de la réalité.
Joël Gissy
Expression espagnole
Expression espagnole
Comme un poulpe dans un garage,
Contre soi, retourne sa rage.
C’est que le bougon taciturne
Tourne en rond dans le labyrinthe
Des miroirs plaqués de Saturne.
La lumière s’est éteinte.
Joël Gissy
jeudi 4 décembre 2025
Le Combat fraternel
Le Combat fraternel
Vairefils, chevalier, fracassait en miroir,
Zébré comme un humain blason argent et noir,
Son frère inégalable sauf par lui-même.
Le loup rageur écume en grognements sa crème.
Se résout, neuf, de la Création le blasphème.
Joël Gissy
Le Chant de la Bitis caudalis
Le Chant de la Bitis caudalis
Oh non, deux ! Bah, elle invite, augure ès en sang.
Bélier alchimique, or, sa tutelle, s’en va.
S’agonisant en biaisement, s’imagina,
Ma barbe, as de pique, ourson en un un val fort blanc
Le zombie glabre exsangue et recouvert de mouches,
Muant, tel un serpent en asthme aux dés par couches.
Abhorre, imitateur de messager dictant
Horus en faucon solaire et flamboyant.
Joël Gissy
Blutbuch
Blutbuch
Cris étouffés des enfants sorciers de Molsheim,
Par le Livre du Sang, périt Apollonia
Pour des commerces charnels avec le Démon,
Et luxure sans nourriture ni boisson,
Se transformant en louve garache, Haborym,
Et même dans les flammes jamais ne nia.
Au nombre de la mort, vixi le plus affreux.
Valentine l’aveugle, mendiante d’Uri,
Fit disparaître son trésor mystérieux.
Quand on l’accusa du noir prodige, elle rit.
La pauvre ne possédait qu’un tout petit lit.
Joël Gissy
lundi 1 décembre 2025
Récit d’un voyageur
Récit d’un voyageur
Sur l’à-pic où soudain je m’étais égaré,
Par les musiciens d’un air mystérieux
Parce qu’ils savaient, de ma démence curieux,
Me voilà vers l’ailleurs enfin réorienté.
Ils portaient un vieux cymbalum, et parmi eux
Me fixa l’ironie d’une étrange beauté.
En barque cheminant au fond d’un terrain vague,
S’encastre sous une dalle un ancien bassin.
Le guide sur le pas nous salue d’une blague.
Et les êtres gris au regard arachnéen
Dans la pénombre en rampant tels des singes morts,
Dont il ne fallait pas trop croire en l’existence,
S’empressaient sur les eaux, sur les ponts, sur les bords.
Alors, en un concert de grincements rouillés
Quand se leva l’écluse d’une trappe immense,
Vers le monde des dieux fûmes-nous emportés ?
Joël Gissy
dimanche 30 novembre 2025
Nachtvogel
Nachtvogel
Owl ou hibou, Horu !
S’éclot l’œil jamais flou.
Solaire angle d’un trou,
Spire en périnée fou,
Chakras de Nibiru.
Joël Gissy
Le Portique mouvant
Le Portique mouvant
Refuge archétypal d’un rêve des Atlantes,
Dans les dolines inversées d’un soleil noir,
De l’esprit n’est que paranormal tout savoir.
Science naturelle aux invisibles pentes,
Se combine le sort, destinées déviantes.
« Et pis qu’il pourra fasse »,
S’approfondit l’angoisse,
Harmonie qui se froisse.
Le dolmen se déplace.
Joël Gissy
samedi 29 novembre 2025
Là-derrière
Là-derrière
Parmi les boucles des mandragores grimpantes,
Vigne du Diable, vont les turnix mugissants
Au jardin que naguère irisaient les lucioles.
L’arbre à belle-mère, if aux baies paralysantes,
Semble trôner de la muraille auprès des faons.
Le vent lointain paraît le chant tordu de violes.
Joël Gissy
vendredi 28 novembre 2025
Le Turnix mugissant
Le Turnix mugissant
Tel un petit poulet sauvage
Qui gambadait sur l'herbe, enfin,
Je l'apprivoisai sous un pin,
Avec des biscuits au fromage.
Parfois, remontant le chemin,
Lissant son beige et brun plumage,
Il voletait un peu plus loin
En un sautillement chafouin.
Jour après jour, ma grosse caille,
Fallait-il, ainsi, qu'il s'en aille,
Que s'amuisse le cri puissant
De mon cher turnix rugissant.
Joël Gissy
Le Rossberg
Le Rossberg
Montagne de Thann
Petit oiseau attaché par la patte, appelle
La fée prisonnière. Epuisant sa voix frêle
Du fond de la grotte à la Montagne des Roses,
Gardée par l'énorme crapaud cracheur de feu,
L'entend du creux de son arbre un berger lépreux.
Libérée, après plusieurs métamorphoses,
La sylphide sema des gouttes de rosée
Aux quatre éléments de la prairie enchantée,
Guérissant le sauveur qui de sa preuse hache
Avait fendu le crâne du monstre avachi.
Mais les chevaux sauvages de la crête ont fui.
Nul ne sait où la porte refermée se cache.
Joël Gissy
Schiach Perchta
A peaux de bêtes et masques de bois,
Venus des cols, croyances d’autrefois,
Grands cornus dans les neiges gargouillant,
Ballottant en défilé terrifiant
Comme un enfant dans un laineux tapis,
Les Perchten font fuir les mauvais esprits.
Berchta, déesse laiance au foyer,
Monte vers le ciel d’hiver enchanté.
Au chaud, dans l’étable, en un meuglement
Parmi les cloches, la famille attend.
Joël Gissy
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