vendredi 14 novembre 2025

Ego sum Monstrum



Mon dernier recueil de poésie


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La Semence vitale


La Semence vitale

Sang, connaissance et putréfaction,
Inverse trinité de division.
Rouge et noir de l’illumination.

Se consume, ardeur éclairant le Monde,
La chair écarlate où la Mort qui gronde
Sur le calme désespoir se féconde.

                                    Joël Gissy

Inspiration d’Or


Inspiration d’Or

Le Monde s’organise en immense égrégore
Né des profondeurs de l’inconscient collectif.
Palingénésie mue d’un courant primitif,
La pulsation s’accroît toujours avant d’éclore.
L’existence, en réification théurgique
Peuplée de tulpas, prend forme, aura de musique
Dont l’onde s’alourdit, décantée en matière
Vibrante et condensée ainsi que la lumière.
Rayons ultraviolets d’un chant d’infrabasse,
D’autres dimensions bien plus évoluées
Rêvent, tel un démiurge en vivantes pensées
Et l’esprit dans soi-même infiniment trépasse
Où l’Unique évolue à travers les regards
Tentaculaires de chaque être en des hasards
Dont la coïncidence accroît la perfection
Au détail près de sa démultiplication.

                                  Joël Gissy

Touchons la veine


Touchons la veine

Potentiel d’Atar habité,
Tel d’un génie au corps igné,
Les nervures du bois crépitent.
Runes dont les livres méditent
D’une écorce où survit l’aura
Couvant l’ardeur du sang solaire,
Sacrifice, éclot un mystère
Horusien naissant de Mithra.
De la grotte au ciel obscurci,
Revient en lumière la nuit.

                              Joël Gissy

jeudi 13 novembre 2025

Les Géants

 


Les Géants

D’un astre périodiquement revenu,
Le peuple ailé du destin était descendu,
A tête d’aigles royaux, dieux sumériens.
Réfugiés dans les espaces souterrains,
Palais du futur, les Archontes créateurs,
Portant chacun son petit sac, ancienne Alliance,
Seul un traître humaniste a partagé leur science.
D’Uruk, du Nil, aux célestes navigateurs,
De tous les temps et les civilisations,
S’est hybridé le sang des antiques Dragons.

Joël Gissy  

mercredi 12 novembre 2025

La Tentation


La Tentation

Pourpre drapant d’écume noire
Le jeu triomphant de la gloire,
De sang mêlé de pestilence,
Rivale au milieu de la danse
De l’agonie, la patience
Suit sa partie perdue d’avance.
Te salutant morituri,
Comme un vieux joueur à crédit.
Mais le cortège encor relance
Cœur, s’étouffant, raval d’un cri.

                      Joël Gissy



dimanche 9 novembre 2025

Potens


Potens

D’une sagesse inverse compromis,
Gambade à rebours le bouc abruti,
Prédiction d’un autre Galeotti.
Et dire que le prochain des Louis
Trépasserait de volupté, sans doute.
Parfois, se divise au seuil de la route
La destinée par cette connaissance
Serpentant, alternative puissance.

                        Joël Gissy

Promenade brumeuse


Promenade brumeuse

Ce soir sombre est petit hammam frais
Embrumant le redoux sous les sapins
Que ma fumée parfume en pas discrets.
Le charme épaissit, limpides déclins.
L’aurore boréale tamisée
Verdoie dans le bleu d’éthers ténébreux.
L’ardeur lunaire en gaze évaporée
Recouvre l’azur, linceul sirupeux.

                     Joël Gissy

Le Doggala




Le Doggala

Des enfants vampire-chien
D’un Sundgau lovecraftien,
Le lycanthrope ancien rampe
Vers les petits sans défense.
De la stuwa sous la lampe,
S’essouffle, au reflet qui danse,
Le frisson de l’innocence.

   Joël Gissy

Déblatération


Déblatération

Le hasard de perfection,
Cellulaire occasion,
Crée sa géométrie d’or,
Ou plutôt d’autre athanor.
La rose au cœur est axée.
L’harmonie recomposée
Miroite, étoile, en rosée.

               Joël Gissy

Kyphi


Kyphi

L’huile endormie sur la braise de santal
Referme en un ton musqué son coffret de cèdre.
Dans l’apaisement d’un jasmin subliminal,
De Nehemetaouay songe le parèdre
Flottant ainsi que les langoureuses bouffées
Où se renouent en souffle, ankh, le ba et le ka.
L’ambre descend en notes caramélisées
Comme un lit sous un pic de miel d’acacia.

                                       Joël Gissy

vendredi 7 novembre 2025

Outrage



Outrage

Ambiance d’Angélus de Massenet
Affleurée de la musique qui naît,
Le silence en tous ses détails résonne,
Ainsi que de l’Eigengrau le phosphène.
La géode à ses reflets s’abandonne
De la glande en son interne géhenne
Dont le cœur calcifié palpitant
En l’athanor mue comme un œil ardent.
Se reforme en rectifiant l’illusion,
Apnée s’éveillant d’un rêve lucide,
Dans le crissement d’un orange acide,
La bande de transcommunication.

                         Joël Gissy

Le Moudhif du Cartouche


Le Moudhif du Cartouche

D’une dynastie archaïque,
Au fond du puits d’un mastaba,
Tel un caducée hermétique,
S’entrelace Ningishzida.
Le Seigneur de l’Arbre fiable,
Dieu mourant de la renaissance,
Fut calomnié de diable
Car porteur de la Connaissance.
Comme si savoir divisait !
L’humain se diviniserait.

                Joël Gissy

mercredi 29 octobre 2025

Le Songe d’inquiet doux


Le Songe d’inquiet doux

Tels des sarments chargés de luisantes clochettes,
S’agrippant, étreints lascivement par leurs vrilles,
Les végétaux qui grincent en faisceaux noueux
S’entrelacent en colonnes de liserons.
La sylve semble un temple antique où les odeurs
Charment un Faune sumérien d’insidieux pleurs.
De l’écartement virginal des clochetons,
Qui roulent, dévoilées, leurs pétales, ces filles
Ainsi que de chrysalides sortent leurs têtes
Avant de s’envoler en parfums sinueux.

                                                  Joël Gissy

Les Coquecigrues, BoD, 2017

lundi 27 octobre 2025

Faux vertige


Faux vertige

La vie est une sieste interrompue soudain
Par un rêve de chute en fin de cauchemar.
Etoffe onirique, arborisé, cristallin,
Continue le conscient évoluant, lointain.
De ses affinités, magnétisme organique,
Se ramifie le réel en un seul regard.
Et le nuage éphémère en ce ciel blafard
Irradie son passage en étreinte extatique.

                                Joël Gissy  

Le Croissant de Diane


Le Croissant de Diane

Avec sa face élargie d’un bélier champêtre
Le troupeau châtré, par sa condition va paître.
Ainsi d’un cordelier d’un chapelet magique
Déliant les nœuds coulants qui glissent dans ses doigts
Perle, inexistant, un secret mathématique.
Palpables, se défont par le fait de ses lois
Les complexions semblant de cette corde unique
Seulement pour elle, harmonie coexistant
Qui frémit résonnant des cornes sur le bois,
Et vibre à peine avoisinant si près ce plan !
Du taureau minoen lyre, arc précipité
Parmi du cosmos étoilé l’immensité.

                                                Joël Gissy
 
Méditations lyriques, BoD, 2016


Déjà les mêmes symboles à l'époque...




samedi 25 octobre 2025

La Baronne de Sève




La belle Isabeau,
Si dure, à la peau
Comme en porcelaine,
Diaphane et sereine,
Angoisse apparente,
Caressait de soie
Sa chair pourrissante.
A jamais, la joie
Avait déserté
La Roche-Sanglante.
Du corps écorché,
Tout gesticulant,
Viril et puissant,
D’un soupirant triste,
Sur le bon conseil
Du vieil alchimiste,
Dans le flot vermeil,
S’apaisait son mal,
Précieux martyre,
D’un revers labial,
En charmant sourire.

                     Joël Gissy

jeudi 23 octobre 2025

Méridien


Méridien

Les yeux révulsés quand, plein d’une sombre extase,
La brute aspire aux cieux ainsi qu’un kamikaze,
Il sent de ses passions l’éveil endolori,
Qui fondent sur lui tels des anges de Bruschi !

Et de ce double essor le songe écartelé
Se confond dans son être, esprit désincarné,
Dont s’émeut sous l’effort la vivante unité.
Mais cependant qu’expire à l’autre sa moitié,

La quintessence immaculée de sa tendresse
S’élance à travers une idylle enchanteresse
Où se déploient parmi d’invisibles caresses
Les voluptés de l’insouciance et leurs ivresses.

                                                 Joël Gissy

Ouroboros, BoD, 2015

A Bruschi


A Bruschi

Un tableau superbe, à Sainte Marie des Anges,
Chef d’œuvre ignoré de l’insouciante Italie,
A charmé mon remords si plein de nostalgie.
Regardez à droite, et soudain, spasmes étranges :

La plénitude en toute sa pompe idéale
S’épandra dans vos yeux, pieuse persuasion.
Devant cette débauche innée de perfection,
Quel monstre, ironie, quel Saint Thomas, quel yale

Secouera sa tête immonde et dédaigneuse !
Car dans un regard tendre aux nues seul adressé,
L’engeance humaine, incertainement ténébreuse,
Lance un soupir sans voix de son tertre blessé.

                                               Joël Gissy

Ouroboros, BoD, 2015



Bruschi, Santa Maria delli Angeli




En était-ce une


En était-ce une

Nymphe aux cheveux plats qu’un instinctif ægypan
Effarouche en songeant, sans rien dire à personne,
D’un regard capricieux ainsi que le Serpent,
Je t’immole au rêveur autel de Perséphone.

C’est une grotte abjecte où l’élégie se meurt
D’Isis, la noble déesse à l’humble coiffure,
Craignant l’adversité de son horrible sœur.
Un zombie se promène avec l’instable allure

D’un chevalier banni s’obstinant à l’affront,
L’œil vague ainsi qu’un loup qui marcherait d’aplomb
Et d’un air louche et fier dans un marais morbide.

Furie mort-née de quelques fugitifs instants,
Comme une image subliminale en le vide
Où planent dans la nuit de noirs engoulevents.

                                       Joël Gissy

Noctifer, Le porteur de nuit, BoD, 2014




mercredi 22 octobre 2025

L'Archéologue des Temps


L’Archéologue des Temps

Vivant une expérience humaine,
Ainsi dit Teilhard de Chardin,
Un être spirituel, né,
Dans l’expérience de la peine,
Explore, enfant vieux, ce jardin.
Tâtonnant, l’oublieux incarné,
Par l’angoisse précipité,
Trébuche et se cogne au réel
Que construit son inconscient,
Tel un irrésistible appel.
Thème à chaque fois variant,
L’adamique aux pas incertains,
Comme un décor de céramique,
Façonne en songe archétypique
Un paysage avec ses mains.

                 Joël Gissy
                             

mardi 21 octobre 2025

L’Hydre ophtalmique


L’Hydre ophtalmique

Chaque gouttelette, en sa sphère,
Reflète l’autre sur la toile
De la Conscience universelle.
Comme un poulpe protéiforme,
Où chaque être de conscience,
Bout d'un tentacule oculaire,
Révèle dans son expérience
Dont l’existence se dévoile,
L’amour, une attraction s'appelle.
De la Source, au point d'orgue énorme,
Le flux originel ruisselle.

                          Joël Gissy

dimanche 19 octobre 2025

L’Ecrin


L’Ecrin

Temple romain couvrant une source celtique,
Souvent perdure un lieu sacré de guérisons.
Non loin, les ruines du castrum, sous les buissons
Chargés de lierre, couvent, souvenir mythique.
Castrant la vitalité des rites anciens,
L’oubli de Damona s’anime sous ses liens.

                              Joël Gissy



Phytonologie - Poème en vidéo


Vidéo du poème - Phytonologie  


Emanation


Emanation

Grince ses vocalises des vanités mortes,
Le messager ténébreux à l’angle des portes.
Tel un valet de pique en un miroir, servile,
L’intrus bouscule le maître ; arachnéen, file.
La rose de Vénus a tissé son abîme,
Chevauchant le caprin de sa course anonyme.
La lumière, au volet, éclaire son angoisse
Au tâtonnement d’un sphinx dont l’aile se froisse.
Hermès dionysiaque, il bout, sage colère.
Le bouc de la caverne a sacrifié son frère,
Corps d’argile osirien reconstitué
Quand triomphe le souverain destitué,
Car le Faune nomade inverse son mystère.

                                    Joël Gissy

samedi 18 octobre 2025

Le Royaume ophidien

 

Le Royaume ophidien

Pierres gravées de Calakmul,
Sous la pyramide interdite,
Quelquefois de météorite,
Télépathe un serpent kukul.
Tel un spectre silencieux,
Le dôme à fleur du sol s’arrête.
Petits visages aux grands yeux,
Portant même un jñãna-cakṣus,
Dissimulé par la comète,
Se pose enfin le clipeus.

Joël Gissy  

vendredi 17 octobre 2025

Le Seuil de l'Ombre


Le Seuil de l’Ombre

Les glyphes gravés de noir s’illuminent,
Ainsi que des runes sur un rocher.
S’ouvre la porte, autre réalité,
Comme un miroir obscur où se dessinent
Des signes l’alchimie évocatrice.
Se grave l’insondable cicatrice
D’un incube qui se lève, au naos
Apportant le savoir né du Chaos.
S’allégorise le Magnum Opus.
Livre des vœux du pape Honorius,
Pivote, écho d’un battant, le grimoire
Lucifuge de la grinçante armoire
D’un gardien, grimaçante figure,
Où se chevronne en allée son armure.

Joël Gissy


L'Arachnéen sur les flots

 



La Victoire de ce qui est faux


La Victoire de ce qui est faux

Sous le ciel d’airain, la Bataille des Crocus
Mêle le parfum poisseux du fer au safran.
Sous les auspices vénusiens d’Uranus,
Maudite, or, petite-nièce du tyran,
Mutation, la douce Thessaloniké,
Ayant bu devant lui l’eau d’immortalité,
Par son frère en sirène au soir fut transformée,
Se noyant dans le chagrin de la mer Egée.
Si l’on t’interroge sur le roi loué Grand,
Marin, méfie-toi. Dis : Alexandre est vivant !

                            Joël Gissy

Les Sœurs ennemies


Les Sœurs ennemies

Atlantide du Pacifique immense,
S’étend l’atoll gigantesque de Mu,
Déluge de vapeur qui se condense.
Passage ancien d’un continent perdu,
Entre Merica liant les Asies,
Point l’archipel ainsi qu’aux Canaries,
Autre porte comme ailleurs les Colonnes
D’Hercule en écho méridional.
Architecture enlacée de Gorgones,
Ensanglantant un piton de Hawaï,
Pointe la tête émergée d’un Moaï
Dont se souvient le destin fatal.

                      Joël Gissy

L'Aliéné

 


mardi 14 octobre 2025

Les Quatre Gardiens


Les Quatre Gardiens

Horloge astronomique incomplète à Gizeh,
Le Cœur du Lion regarde. Ainsi qu’un cadran
Aligné, géant, au céleste mouvement,
L’archéomètre, au détail de l’infinité,
S’ajuste à la précession des équinoxes.
Cycle en spirale, ralentit le tournoiement
De la toupie terrestre aux crans des paradoxes
D’un mécanisme à l’hermétisme immémorial.
Et, derrière l’écran, mime primordial,
Dans le tourbillon combiné mirant leurs danses,
Se joue le magnétisme des correspondances.

                                         Joël Gissy





Le Bûcher


Le Bûcher

Symphonie des voix et des cris
Odorants des plantes foulées,
Colorant les soirs alanguis,
Près d'algues, de prairies fauchées.
Respire le marcheur, posant
Son exploration, doucement.
Sa pipe crépite en silence,
Crépuscule qui se condense.

                  Joël Gissy  

lundi 13 octobre 2025

La Fleur de Childéric



La Fleur de Childéric

L’Ichthus salmonidé doublé d’un chrisme,
En deux truites d’un sang mérovingien,
De l’ancienne lignée se souvient.
Du Roi pêcheur ou Jeanne de Ferrette,
Comme une abeille isiaque en son schisme,
Du lys le signe oublié se répète.
Visage cruciforme en six rayons,
Se nouent les entrelacs, tels des dragons.

Joël Gissy  

dimanche 12 octobre 2025

Le Testament


Le Testament

Epopée d’un Déluge sumérien,
D’esclaves survit le démiurge ancien.
D’Egypte, survient le soleil du Père
Dont aux bras d’Isis l’intacte prière
Se souvient Huwawa dans le gardien
D’une Porte de cèdre à sa lisière.
Fonce, essor de lumière écartelée,
Le faucon nouveau face à la lumière,
Sans cligner de l’oeil que sa larme outrée
Complète à l’encre du scribe épuisée.

                             Joël Gissy

jeudi 9 octobre 2025

Le Banquet de Domitien


Le Banquet de Domitien

Sur des tables drapées de noir,
Des serviteurs peints, s’effaçant
Dans la pénombre du boudoir,
Servent sur des plateaux d'argent
Des crânes et des ossements.
Parmi les macabres monceaux
De cages et de fémurs blancs,
Memento sed carpe diem,
Dont se souviennent les tableaux
De vanités, sinistres thèmes,
Comme en les vapeurs d'un harem,
Ricanent les convives blèmes.
Ainsi qu'un cauchemar d’enfance,
Se craquelle une antique ambiance
Dont le secret comme un vitrail
Déconstruit son vernis d'émail.

                             Joël Gissy



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mardi 7 octobre 2025

Khemet rouge


Khemet rouge

Il faut ? On peut ! L'orgueil l'emporte sur l'envie.
L'arc qui ne faut de Tristan va vaincre la vie.
Le roi Marc a trébuché comme un vieux cheval.
La tête de Morhold est plantée sur sa pique.
Rode dans la nuit noire un chacal trivial.
De Cernunnos verse le Graal de sa panique.
Le valet d’Anubis, cœur, se renverse en chien,
Du Livre des Morts de l’Ancien Egyptien.

                                 Joël Gissy

La Morsure


La Morsure

Sous l'œil de paon lumineux coloré d'Iris,
L’humanité se referme en zoochosis.
Dissociation crue de la personnalité,
Se fend le cœur meurtri mentant de volupté.
La créature spirituelle éclatant,
Se divise en morceaux diaboliquement,
Comme un symbole aux origines oubliées
Dont les dagydes sont les crânes de poupées.

                                      Joël Gissy

Draconis


Draconis

Au milieu d'improbable bleu, s'échoue Lofi,
Perle égarée de l'inaccessible Niüé.
Au lisse lointain de l'Océan infini,
Ainsi qu'une backroom éblouie de clarté,
S'epand l'au-delà d'une île, orbe prisonnier.
Et la boucle sans fin d'une extase diurne
Se répète, admirant le compas de Saturne.

Joël Gissy

mardi 30 septembre 2025

Soirée d'artistes et spectacle à Illhaeusern

 


Grand merci à Floriane Heger pour l'organisation de cette soirée et la beauté de son spectacle.




La Panique de Cernunnos

Perpétuelle expansion du nœud fermé,
Complexe aux bois de Cernunnos entrelacé
En verte frange après les branchages moussus,
Le dragon se confond dans les chênes barbus.
Quand il vient à pas échassés sur ses sabots,
Au détour de la clairière, des marigots
D’un sentier de cerfs ; ou triomphant est juché
Assis en fleur pour la maîtresse du rucher
Son thyrse en caducée à ce serpent offert
Ainsi qu’un trône où Mélusine ouvre sa chair,
Naturel sauvage et sagesse en doux bourdon
Grand Tout bestial accouplé à sa conception !
Vaisseaux de la sylve aux brumes aérienne
Qui court de l’humus dans les noirceurs, souterraine,
Dont la conscience à l’homunculus est semblable
De l’humain par sa double nature insondable,
Il tremble, fœtus dénudé par l’existence
En soi enfouie de sa potentielle omniscience.


Les Halieutiques de Delphes

Dans les couloirs d’un temple où les dauphins s’ébattent,
Qui donne sur la mer d’un bleu vésuvien
Pénétré par le ciel rose aux moiteurs timides
Qu’arrosent caverneux leurs rires qui éclatent,
Deux sirènes hybrides, montées du bassin,
S’enlaçant guident parmi ces canaux limpides
L’étranger que caresse un ballet chimérique.
Il s’abandonne au son de trompes et de conques,
Etranges, comme émanées d’invisibles jonques !
Et porté par ces flots en leur grotte aquatique,
Nageant tel un centaure, l’autre explorateur
Contemple des dieux philistins sous cette crique
Que balaie sa mémoire en un éveil trompeur.


Inspiration d’Or

Le Monde s’organise en immense égrégore
Né des profondeurs de l’inconscient collectif.
Palingénésie mue d’un courant primitif,
La pulsation s’accroît toujours avant d’éclore.
L’existence, en réification théurgique
Peuplée de tulpas, prend forme, aura de musique
Dont l’onde s’alourdit, décantée en matière
Vibrante et condensée ainsi que la lumière.
Rayons ultraviolets d’un chant d’infrabasse,
D’autres dimensions bien plus évoluées
Rêvent, tel un démiurge en vivantes pensées
Et l’esprit dans soi-même infiniment trépasse
Où l’Unique évolue à travers les regards
Tentaculaires de chaque être en des hasards
Dont la coïncidence accroît la perfection
Au détail près de sa démultiplication.


Attendrissement

Je suis pareil à ces hippocampes d’Ilion,
Qui par milliers, amicaux, vont voir les plongeurs
Parmi l’espace scintillant des profondeurs,
Et meurent soudain à la première émotion !

Avant de remonter, triste nuée de corps,
Les petits équidés, mignons et pleins de grâce,
Font un ballet aquatique, et plus d’un embrasse
Du bout de sa trompe aimable, en ces beaux décors,

Le curieux qui les trouble, et l’aime et l’accompagne.
Alors, vers la lumière ondoyante il regagne,
Porté par l’écume oublieuse aux plages claires,

La vaste éternité dont à peine affleurait
Ces myriades de consciences élémentaires
Dont s’éteint en un souffle indistinct le secret.


La Fée verte du Bockloch

                                        Légende du Schlossberg

Il est près d’un village nommé Wildenstein
Un château en ruine au sommet d’une montagne
Rocheuse qu’environne une verte campagne.
Une légende –ce n’est pas celle de Daïn,

Ni celle d’Artus, mais d’une crête incertaine-
Raconte qu’au temps jadis, des seigneurs brigands,
Barbares sans pitié, pillards et arrogants,
Avaient élu demeure sur ce roc en peine.

Chasseurs invétérés, hommes durs et cruels,
Assassinant sans cesse et malmenant leurs serfs,
Ils aimaient avant tout la guerre et les duels
Et traquer jusqu’au fond des bois les nobles cerfs

Qui parfois se jetaient dans l’onde tourmentée
D’une chute immense qu’on dit toujours hantée
Par le fantôme vert d’un chevalier sauvage.
Ce fut une nuit sombre, avide de carnage,

Que le seigneur le plus brutal de ces bandits
Périt dans le tumulte avec son destrier,
En traquant un brocard par les gouffres maudits.
Les anciens savent encor que le meurtrier,

En poursuivant la bête noire aux yeux jaunâtres,
Jura plus d’une fois le saint jour de Noël
Avant de sombrer dans le courant éternel.
Depuis ce soir funeste, on tremble au coin des âtres

Aux parages de la sombre forêt damnée.
Il m’arrive d’aller dans cette ruine austère
Quand vient l’été frileux, au moment de l’année
Où la nature est calme ainsi qu’un cimetière,

Afin de surprendre le galop frénétique
Du cavalier qui erre en ces lieux désolés.
C’est une forêt troglodyte et pathétique
Qu’un murmure parmi les arbres boursouflés

Emplit d’une diffuse et troublante inquiétude,
Qui court sur votre nuque comme un baiser froid !
Sous une voûte intacte, un escalier étroit
Conduit à un petit pré par un sentier rude

Duquel j’aime contempler le val endormi.
Mais lors d’une nuit obscure aux ombres mouvantes,
Je fus frappé en mon sein, meurtri à demi,
Par l’inflexion aux langueurs évanescentes

D’une plainte hésitante, humble et surnaturelle,
Qu’une voix pleine de douce mélancolie
Egrenait au vitrail ardent d’une tourelle.
Alors je levai mon regard plein de folie

En direction de cette apparition spectrale
Que je devinais à la lueur vagabonde,
Et je fus saisi d’une froideur sépulcrale
Quand j’aperçus soudain une sylphide blonde

Qui se tenait livide à la fenêtre enclose.
L’étrange miniature était si frêle et pâle
Que le vent balançait sa chevelure éclose
A la trouble verdeur de ses beaux yeux d’opale ;

Et désespérément, la grêle prisonnière
Se penchait sur l’abîme, blême et implorante,
Comme si derrière elle la glauque lumière
De ses geôliers l’eût fait vaciller d’épouvante,

Esclave maltraitée par de lâches bourreaux,
De sa prison de verre étreignant les barreaux,
Ou telle une pensée qui s’incline et frémit
Aux tendres feux du soir qui frissonne et gémit

Quand vient le crépuscule en soupirs éclatants.
Emu, alors certain que mon heure sonnait,
J’escaladai la falaise jusqu’au sommet
Pour cueillir la fleur aux longs rais étincelants.

Je caressai la corolle à plat sur ma paume,
Juste entre deux doigts, puis brisai le fil d’arôme
Par où tenait la vie de cette créature,
Calice odorant sur un lit de pourriture.

Grelottante et blottie ainsi qu’un petit être,
Je sentis mourir au creux de mes mains ouvertes,
Et perdre le souffle en suintant des gouttes vertes,
La fée dont un instant j’avais été le maître.

Alors la voix se tut –j’avais rompu le charme-,
Et je crus que la rose versait une larme…
Sur le roc mystérieux où je savais entendre
Autrefois les sanglots d’un air tristement tendre

Ebruité par la fraîche rosée du couchant,
Je ne vois plus que ravage et destruction,
Or qu’en place de mélopée, le cri méchant
Et comme plein de glace du morne aquilon

Siffle un remords lugubre dans la nuit humide
Que la lune irise d’un éclat maléfique,
Tandis qu’au loin varie le jappement timide
Du perfide chat-pard et d’un chien famélique.

                                      Joël Gissy

lundi 25 août 2025

Fantaisie coréenne - La Ville des divins


La Ville des divins

                                 Fantaisie coréenne

Du bord des cieux, plein de pitié, Hwanung pleurait,
Ses larmes tombant sur la vie des créatures.
« Comment rendre leur sort plus juste et supportable ? »
Ainsi, le jeune dieu, meurtri, se lamentait
D’en haut de la dimension des surnatures
Que n’insinue parfois qu’une transe ineffable.
Hwawin par pitié pour son fils accepta.
L’engendré donna l’herbe dont la saveur pique.
Mais l’ours, avec douceur, si le tigre échoua,
Devint Ungneyo, la tendre et magnifique.
Là où le matin brille, immanente clarté,
Fut conçu Tangun, au pied de l’arbre sacré.

                                            Joël Gissy

samedi 23 août 2025

Les Gestes


Les Gestes
    
Puissance de l’incantation,
Tire un Tao de Terpsichore.
Hermétique réflexion,
Le Cosmos clos se minimise,
Prière innée de l’égrégore.
Par les associations savantes
De signes, de noms et de plantes,
De gemmes, qui se mesmérise,
L’écho des plans supérieurs
-La Connaissance a ses rancœurs.-
Est ajusté par sa méprise.

               Joël Gissy

 

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Les Menhirs morts


Les Menhirs morts

Les monolithes déracinés
Sont des orphelins astronomiques.
Mais, points de repères hermétiques,
Songent les vieux rocs désaffectés.
Sur la crête sauvage embrumée,
Colère jamais accumulée,
Respire, feux anciens, la fumée
Le rêveur qui s'éveille au matin
Sur un lit parfumé de sapin.

                       Joël Gissy



vendredi 22 août 2025

Mélancolie scientifique


Mélancolie scientifique

Nostalgie héritée de Hofer l’Alsacien,
Des cités libres jeune et brillant médecin,
S’exprime en douleur, heimweh secret, le retour.
Parfois d’un passé plus lointain que la naissance
Ou de la seconde après un baiser d’amour.
De l’âme humaine éclaireur, douleur de l’absence.

                                                 Joël Gissy


Le Point de l’Aurore